La goélette Tara est de retour à Lorient !
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À cette occasion, les scientifiques qui étaient à bord ont présenté leurs recherches.
Samedi 15 octobre après-midi, le port de la Base de Lorient est en effervescence. La foule se presse pour admirer Tara… Partie en décembre 2020, la goélette scientifique a parcouru pendant deux ans près de 70 000 km le long des côtes d’Amérique latine, d’Antarctique et d’Afrique. À bord, plusieurs équipes scientifiques se sont relayées pour enquêter sur le microbiome marin.
Climat et pollution
En tout, près de 25 000 échantillons ont été collectés. « Le microbiome comprend à la fois les micro-organismes marins qui le constituent et leurs interactions au sein de leur habitat, présente Romain Troublé, directeur de la fondation Tara Océan. Ces microalgues, bactéries, virus et protistes1 ont un rôle clé dans notre survie. « Grâce à la photosynthèse, ils absorbent du gaz carbonique de l’atmosphère pour produire entre 50 et 75 % de l’oxygène que nous respirons ainsi que des protéines à la base de la chaîne alimentaire, indique Chris Bowler, biologiste et co-directeur de la mission Microbiomes. Mais le réchauffement climatique et la pollution menacent ces éco-systèmes.»
Le retour de la goélette a coïncidé avec la Fête de la science. Et le grand public a pu découvrir certaines espèces phares du phytoplancton, comme les coccolithophores. « Chaque année au mois de décembre, au large des côtes argentines, la température élevée de l’eau, l’ensoleillement et la quantité de sels nutritifs favorisent la prolifération de ces microalgues », explique Flora Vincent, chercheuse en biologie et écologie marine2 qui a dirigé les recherches sur Tara en Argentine. « Il se crée alors une marée blanche appelée bloom. » Pour comprendre ce phénomène et les interactions entre espèces, elle a échantillonné le bloom en divers endroits et profondeurs. Elle a obtenu de premières données que l’artiste Antoine Bertin a présenté sous la forme d’une conférence sonore. « J’ai traduit les informations numériques en sons », explique l’artiste. Le public a ainsi écouté le récit de la chercheuse ponctué d’un fourmillement sonore mimant l’activité du phytoplancton.
Questions du public
Les expéditions Tara sont un moyen privilégié pour communiquer sur les sciences et leur importance dans notre société. « Grâce à Tara, ma famille a enfin compris sur quoi je travaille ! » confie Flora Vincent. « Ce grand voilier interpelle, ajoute Chris Bowler. Les gens nous questionnent beaucoup, ça nous oblige à vulgariser notre savoir. » Et ce ne sont pas les centaines de personnes venues accueillir la goélette qui diront le contraire ! Pour connaître les résultats de la mission, il faudra être patient. L’analyse des échantillons prendra plusieurs années. Quant à Tara, sa prochaine mission est déjà en cours de préparation. Elle débutera au printemps sur l’étude de la pollution chimique au large des côtes européennes.
MARIE HILARY
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du magazine Sciences Ouest