La nouvelle vague se forme
La Bretagne veut devenir la référence pour la formation en sciences marines. C’est l’objectif du programme Isblue.
Faîtes travailler ensemble, sur un même thème, chercheurs, ingénieurs, étudiants et industriels. Vous obtiendrez un bouillon de cultures assez puissant pour que la Bretagne soit la référence internationale de la recherche et de la formation en sciences marines. Telle est l’ambition de l’école universitaire de recherche Isblue(1). Sur 191 projets déposés, 29 ont été retenus fin 2017 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche(2), dont Isblue.
Quinze unités de recherche
À partir de cette rentrée, pas moins de quinze unités de recherche bretonnes travaillent ensemble sur cinq thématiques, du changement climatique aux systèmes d’observation en passant par l’interaction terre-mer. Le croisement des disciplines est l’ADN de ce programme, coordonné par Anne-Marie Treguier, la directrice de l’IUEM(3).
« Avec le LabexMer(4), nous avions déjà fait un pas vers l’interdisciplinarité. Nous allons plus loin en travaillant par exemple avec des unités de recherche dédiées aux matériaux, pour concevoir le matériel nécessaire aux observations. »
À partir de la rentrée 2019, de nouveaux parcours universitaires verront le jour. « Les étudiants en master, que ce soit en physique ou en biologie, pourront suivre un parcours lié à nos cinq thématiques de recherche, poursuit Anne-Marie Treguier. Ils vont acquérir des compétences spécifiques. » Des étudiants de l’université et d’écoles d’ingénieurs travailleront sur des projets communs.
Davantage de thèses
L’objectif est aussi d’augmenter le nombre de thèses, en laboratoire ou en entreprise.
« L’insertion professionnelle est essentielle, d’où les liens étroits établis avec les industriels. Et la recherche académique n’est pas adaptée à tous les étudiants. » La coordinatrice du programme estime que le nombre de thèses et le nombre d’étudiants étrangers sont insuffisants. « Pour la formation, nous ne sommes pas assez présents à l’international. L’un des moyens est de proposer plus d’enseignements en anglais. »
Des formations entre terre et mer
De nombreux enseignements tournés vers le large se développent en Bretagne. C’est le cas à l’Ensta Bretagne à Brest et à l’Institut Mer & littoral, créé récemment à l’Université Bretagne Sud, à Lorient et Vannes. À Rennes, Sciences Po a ouvert l’an dernier le master “Terre et mer”. Il a vocation à collaborer avec les entreprises. Cette formation s’effectue en alternance, avec des stages et des rencontres professionnelles. Son fil rouge est « l’interaction entre terre et mer, trop peu abordée, estime Jean Ollivro, géographe à l’origine du master. L’acceptabilité des projets sur le littoral est un enjeu fort pour nous. » Cette rentrée devrait compter neuf étudiants, contre quatre pour la première promotion. « Nous n’irons pas au-delà de quinze élèves », note le géographe qui tisse des liens avec le secteur professionnel, comme avec le Pôle mer Bretagne Atlantique (PMBA) à Brest.
(1) Isblue (Interdisciplinary School for the blue planet, École interdisciplinaire de recherche pour la planète bleue), réunit l’UBO, l’UBS, le CNRS, l’Ifremer, l’IRD, mais aussi les écoles d’ingénieurs : IMT Atlantique, Ensta, les écoles navales, l’Enib et quinze unités de recherche.
(2) Pour une dotation de 11 millions d’euros en dix ans.
(3) Institut universitaire européen de la mer.
(4) Le programme LabexMer, laboratoire d’excellence de la mer, s’est déroulé de 2011 à 2018. Isblue en est un prolongement.
Jean Ollivro
tél. 06 23 34 09 73
jean@ollivro.bzh
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