Dans l’eau polluée, la vie évolue

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N° 356 - Publié le 6 novembre 2017
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Les biologistes de l’Inra étudient les effets prolongés de la pollution des eaux douces, grâce aux puces d’eau.

La daphnie, ou puce d’eau, passe inaperçue. Ce crustacé microscopique joue pourtant un rôle clé dans l’équilibre des écosystèmes d’eau douce : il consomme les microalgues, recycle les nutriments et sert de nourriture aux poissons. Des études indiquent que la moitié des milieux aquatiques européens est contaminée par des polluants industriels ou agricoles(1). Comment les daphnies s’en accommodent-elles ?

Recruté récemment à l’Inra de Rennes (dans l’unité Écologie et santé des écosystèmes), le biologiste de l’évolution Scott McCairns lance le projet Evotoxis(2), pour savoir si la pollution exerce un effet sélectif sur les populations de daphnies. Génération après génération, s’adaptent-elles aux produits phytosanitaires ? Le polluant étudié est un herbicide des cultures et un oxydant modèle pour les scientifiques.

Une partie de l’étude consiste à pêcher des puces d’eau en Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, dans des sites non pollués et des sites soumis depuis des décennies aux pressions chimiques agricoles. En élevant des lignées issues de ces populations, les écologues vont observer ce qu’il se passe au fil du temps. Ce type d’étude est facilité par le temps de génération très court des daphnies (6 à 10 jours).

Une caractéristique originale des daphnies va permettre aux biologistes de remonter le temps : la production d’œufs dormants et leur dépôt dans les sédiments. Ces œufs peuvent être ressuscités après plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. L’un des objectifs d’Evotoxis est de faire revivre des daphnies du 19e siècle (précédant l’essor de l’agriculture chimique). Les effets à très long terme des polluants sur la vie aquatique devraient ainsi être identifiés. L’un des buts de l’étude est de contribuer à une utilisation durable des produits phyto-sanitaires.

Coordonné par Scott McCairns, ce programme associe deux autres équipes de l’Inra, à Rennes et Toulouse, ainsi que des universités belge et finlandaise.

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