Les vaccins anti-Covid : un espoir majeur

Carte blanche

N° 387 - Publié le 2 avril 2021
Vaccin covid
Pierre Tattevin
Carte blanche
Pierre Tattevin
Professeur et chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rennes

Magazine

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La France a longtemps été un pays phare dans l’essor de la vaccination, avec une longue période de rayonnement mondial, inaugurée par la découverte du vaccin contre la rage par Louis Pasteur. Malheureusement, la succession de polémiques sur la tolérance des vaccins, depuis la fin des années 1990, a abouti à une progression dramatique de l’hésitation vaccinale, domaine dans lequel la France est même devenue « championne du monde » en 2016. En effet, une étude internationale1 portant sur l’image des vaccins dans la population de 67 pays, avait montré que 41 % des personnes interrogées en France pensaient que les vaccins ne sont pas sûrs, pour une moyenne de 13 % dans les autres pays…

L'argumentation scientifique

Les raisons de cette hésitation vaccinale sont multiples et hétérogènes, parfois difficiles à cerner et peu accessibles à l’argumentation scientifique. Le recul de la couverture vaccinale en France a longtemps semblé insoluble, avec des conséquences parfois dramatiques. Chaque année, des enfants meurent, ou gardent des séquelles lourdes, de maladies qui auraient été évitées si le carnet vaccinal avait été respecté2. Cette situation a conduit à une extension de l’obligation vaccinale pour les enfants nés après le 1er janvier 2018, avec des résultats encourageants dès les premières années d’application.

Campagnes à grande échelle

Dans ce contexte, le développement très accéléré des vaccins contre le Covid-19 a suscité des inquiétudes. Moins d’un an après la découverte du Sars-CoV-2, plusieurs vaccins sont déjà autorisés et des campagnes de vaccination à grande échelle sont en cours, sur tous les continents. Sachant que le développement d’un vaccin demande en moyenne 10 à 15 ans de recherche, et que pour des maladies comme le Sida, dont le virus a été découvert en 1983, aucun vaccin n’est disponible, on comprend la perplexité du public.

Il est donc important de revenir sur les raisons de ce développement “au pas de course”. D’abord, le caractère dévastateur de la pandémie a conduit tous les acteurs de la recherche vaccinale à se concentrer sur cette cible, aussi bien dans le public que dans le privé. En parallèle, les gouvernements ont appliqué des procédures très accélérées pour l’évaluation de chaque étape du développement, des premières phases (recherche in vitro) jusqu’aux études cliniques portant sur des dizaines de milliers de sujets. Ces grandes études ont été conduites alors que l’épidémie faisait rage, ce qui a facilité la démonstration de l’efficacité des vaccins. C’est beaucoup plus long lorsque les maladies sont rares. De plus, les tentatives de développement d’un vaccin contre l’ancêtre du Sars-CoV-2 (Sars-CoV-1) avaient permis d’identifier une cible simple et performante, la protéine Spike, qui a fait gagner beaucoup de temps. Enfin, les progrès technologiques accomplis au cours des dernières décennies permettent désormais de produire plus rapidement des nouveaux types de vaccins, comme ceux à ARN.

Sortie de crise

Ces vaccins anti-Covid représentent un espoir majeur de sortir de la situation terrible dans laquelle cette pandémie nous a plongés, depuis un an. Tous ceux qui sont actuellement disponibles ont suivi les étapes indispensables à la démonstration de leur efficacité, avec un rapport bénéfices-risques très largement favorable. Ils représentent sans aucun doute la meilleure nouvelle des derniers mois, dans notre lutte contre l’épidémie. Ils sont notre plus grande chance de sortie de crise, ne la manquons pas ! 

1. Publiée dans la revue EBioMedicine.

2. D’après une étude parue dans Paediatric Perinatal and Epidemiology en 2018.

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