Du Kilimandjaro à l’Inde.
Avant de se transformer en gratin ou en caviar, le légume violet a fait du chemin. Une équipe internationale a retracé l’histoire évolutive de l’aubergine. « Il est important de connaître les espèces apparentées à un végétal cultivé, explique Xavier Aubriot, botaniste au laboratoire Écobio(1), qui a participé à l’étude(2). Les hybridations avec des espèces sauvages peuvent aider à adapter les cultures aux changements climatiques. »
Les cousines de l’aubergine
Les cousines de l’aubergine vivent dans des zones tropicales. Elles ne sont pas cultivées. Les scientifiques ont analysé des gènes des différentes espèces. Ils ont trouvé des échantillons dans les collections d’herbiers des muséums.
Les analyses génétiques ont révélé une histoire de millions d’années. Parti d’Afrique de l’est, dans la région du Kilimandjaro, le groupe de l’aubergine s’est diversifié et a conquis l’ouest et le sud du continent. Une autre branche a migré vers le sud de la Chine et l’Inde. Là, l’une des espèces a été domestiquée pour donner l’aubergine moderne.
« En Afrique, la zone de répartition des espèces apparentées à l’aubergine correspond aux zones d’habitat historiques des impalas(3) et des éléphants, explique le chercheur. En consommant les fruits, ces mammifères contribuent, encore aujourd’hui, à disperser leurs graines. » Un mode de dissémination semblable serait à l’origine du voyage vers l’Asie. On peut imaginer que l’ancêtre de l’aubergine a suivi Homo erectus lors de sa sortie d’Afrique.
(1) Le laboratoire Écobio est une composante de l’Osur (CNRS, Université de Rennes 1), à Rennes.
(2) American journal of botany, août 2018.
(3) De la famille des antilopes.
Xavier Aubriot
x.aubriot@gmail.com
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