J’étudie comment les bactéries infectent les huîtres.
Portrait
Je m’intéresse notamment aux bactéries du genre Vibrio, qui déciment les élevages d’huîtres. Nous avons comparé les bactéries présentes dans les tissus d’huîtres et celles dans l’eau environnante, en été, au moment des infections, et en hiver, lorsqu’il n’y a pas de mortalité. Une espèce en particulier, Vibrio crassostreae, est toujours présente chez les huîtres malades. Mais elle n’est jamais seule, et elle ne cause pas de mortalité en laboratoire, lorsqu’elle est la seule bactérie présente. L’hypothèse sur laquelle je travaille est que d’autres bactéries pourraient déclencher l’expression de gènes virulents. Je suis donc en train d’étudier à une échelle plus fine le processus de colonisation de l’huître par les bactéries : j’ai mis en contact des huîtres provenant d’une population victime de mortalité avec des huîtres dépourvues de pathogènes, dans un aquarium lui-aussi stérile. J’ai ensuite fait des prélèvements tous les jours. Je vais aussi au Mit(1), à Boston (États-Unis), pour faire les analyses bio-informatiques de mes échantillons. Si on arrive à savoir quelles sont les bactéries impliquées, on pourrait utiliser contre elles des virus phages, capables de tuer les microorganismes de façon très ciblée. La compréhension du mécanisme d’infection pourrait aussi aider à lutter contre d’autres bactéries du genre Vibrio, notamment celle responsable du choléra chez l’homme. La bourse que j’ai reçue me permettra de participer à des congrès et à des formations, mais aussi d’acheter du matériel informatique et de préparer mon postdoctorat.
(1) Massachusetts Institute of Technology.
(2) Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.
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du magazine Sciences Ouest