Le Marion fait peau neuve
Après vingt ans de campagnes océanographiques et de rotations en terres australes, le Marion Dufresne se modernise.
Ils contribuent à la réputation du Marion Dufresne : placés sous la coque, les sondeurs multifaisceaux permettent de réaliser des images très précises du fond des océans et pénètrent jusqu’à 200 m dans les sédiments. En 1995, cela était très innovant.
Mais, depuis, les technologies acoustiques ont évolué et le Marion a aussi été fragilisé après une avarie survenue en novembre 2012. Il était temps de s’occuper de ce gros bateau. Prise en charge par l’État, sa modernisation concerne la coque et les machines, pour un budget de dix millions d’euros géré par les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), et les équipements scientifiques et apparaux de ponts(1), pour treize millions d’euros, gérés par l’Institut polaire français Paul-Émile-Victor (Ipev). Elle aura lieu du printemps à l’été 2015. Mais à terre, les différents projets ont déjà commencé.
Côté Ipev, quatre groupes de travail ont été créés : l’un s’occupe notamment des sondeurs multifaisceaux. « C’est la plus grosse partie, explique Hélène Leau, gestionnaire de la flotte de l’Ipev. Car nous changeons complètement de système. Les nouveaux sondeurs pourraient ne plus être intégrés dans la coque mais dans une nouvelle structure reliée à celle-ci. Cela demande un gros travail de modélisation des flux autour de la coque, en cours de réalisation. » Le deuxième groupe s’intéresse aux portiques et apparaux de ponts. « Nous avons, par exemple, prévu de surélever le portique arrière pour que le Marion puisse embarquer de gros engins autonomes comme le Victor de l’Ifremer. » Le réaménagement des locaux scientifiques et des laboratoires (réfection des arrivées d’eau de mer, ventilation...) et l’informatique (intégration de tous les nouveaux équipements, câblages) ont été pris en charge par deux autres groupes de travail.
Le carottier géant, autre spécificité du Marion Dufresne, est déjà en cours de modernisation(2). Ce n’est plus 60 m de sédiments, mais 75 qui pourront désormais être remontés des profondeurs des océans grâce à la jouvence du treuil grand fond. « Et nous en profitons pour optimiser et sécuriser les opérations de largage et de récupération », précise encore Hélène Leau. Le navire sera aussi doté d’un nouveau câble en fibres synthétiques, dont l’élasticité a été travaillée pour être réduite au maximum et minimiser le rebond élastique qui se produit quand le carottier - 7,5 t ! - est largué au-dessus du fond et commence à pénétrer le sédiment. Ce câble est une innovation développée spécialement par l’Ipev avec une entreprise(3) de Wervicq-Sud (frontière franco-belge). Rien n’est trop beau pour le Marion Dufresne, qui devrait reprendre ses activités dès septembre 2015.
(1) Machines servant à la manutention.
(2) Dans le cadre d’un financement différent : ÉquipeEX Climcor, 2012.
(3) Cousin Trestec.
Hélène Leau
helene.leau [at] ipev.fr (helene[dot]leau[at]ipev[dot]fr)
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du magazine Sciences Ouest