Les nouveaux explorateurs
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Aujourd’hui encore, des passionnés des glaces partent aux Pôles et se mettent au service de la science.
Le 19 mai, le Tara quittait le port de Roscoff. Ce navire privé embarque depuis 2003 des chercheurs, notamment en régions polaires, pour étudier la biodiversité et le changement climatique. C’est l’un des programmes d’expéditions les plus médiatiques, mais il est loin d’être le seul. Et les Bretons ne sont pas en reste. À bord du Vagabond, les Finistériens Éric Brossier, France Pinczon du Sel et leurs enfants ont fait le pari de se laisser piéger dans les glaces canadiennes, et offrent ainsi une base scientifique hors du commun. Au printemps 2012, deux Brestois, Alan Le Tressoler et Julien Cabon partaient trois semaines sans assistance sur la banquise du pôle Nord(1).
Un bon réseau
En ce moment, au port de Tromsø en Norvège, c’est un navire de 1906 qui attend son équipage. Cinq Grenoblois férus d’escalade ont décidé d’aller se frotter pendant quatre mois aux sommets de la péninsule du Svalbard. « L’objectif du Svalbard Project est de réussir l’ascension de cinq sommets, dont certains n’ont encore jamais été gravis par l’homme », explique Fabien Perrault, marin et ingénieur au CNRS, à Plouzané, déjà à bord. Entre les piolets et les cordes, l’équipage embarque les flacons de deux chercheurs de l’Observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse. « Nous allons prélever de l’eau tout au long du trajet pour qu’ils puissent faire des mesures de mercure », ajoute Fabien Perrault. Pour contacter les scientifiques, il s’est servi de son réseau et de son expérience. « J’ai pu leur poser directement les bonnes questions. Cela leur permet d’avoir des mesures en continu. »
À Concarneau, c’est dans les locaux du navigateur Roland Jourdain que se prépare le voilier d’Under The Pole. Il doit partir en janvier prochain, pour une expédition d’ampleur : vingt-deux mois, dont dix-huit aux abords du Groenland. Les instigateurs, Emmanuelle Périé et Ghislain Bardout, sont deux passionnés de plongée en régions extrêmes, qui ont déjà fait leurs armes au côté de Jean-Louis Étienne. « Nous voulons explorer et filmer les eaux sous la glace. Mais également ramener du matériel scientifique. »
Leur programme est déjà bien chargé, grâce à l’implication de Romain Pete, lui aussi ancien chercheur au CNRS, coordinateur scientifique du projet. « Il cible des programmes en cohérence avec notre démarche axée sur le sous-marin, précise Ghislain Bardout. Nous avons également contacté des équipes qui travaillent sur des sujets qui nous tiennent à cœur, comme la décompression dans les eaux polaires. » Certains chercheurs vont rejoindre l’équipage, composé d’une dizaine de personnes plus un enfant, sur différentes étapes du voyage. « Nous allons aussi effectuer des mesures nous-mêmes. Nous équipons le bateau en conséquence : nous avons prévu les congélateurs et les microscopes ! »
Déchargés de certaines contraintes de la recherche publique, ces nouveaux explorateurs peuvent recourir à des formes de financement innovantes, comme le crowdfunding (sur My Major Company pour Under The Pole), monter un documentaire, ou encore proposer au grand public de participer à l’une des étapes. Souhaitons-leur bon voyage !
(1)Lire Sciences Ouest n° 299 - juin 2012.
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