Énergie : stock ou encore ?

N° 288 - Publié le 14 juillet 2011
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Comment produire de l’énergie quand on en a besoin ? En mixant et en stockant le vent, l’eau et l’hydrogène…

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L’énergie électrique ne peut pas être stockée en masse ! C’est un grand problème, notamment en France où près de 80% de l’électricité est d’origine nucléaire, c’est-à-dire produite de manière constante tout au long de la journée.

Que faire lors des pics de consommation et des menaces de black-out ? La Bretagne, qui ne produit que 8% de son électricité, est une des régions les plus concernées.

Le stockage de l’énergie sous forme d’hydrogène fait l’objet de nombreuses recherches. Les perspectives deviennent d’autant plus intéressantes que l’hydrogène lui-même peut être produit grâce au vent, par couplage d’une éolienne et d’un électrolyseur. Le stockage et le transport dans les canalisations de l’hydrogène produit dans ces conditions font actuellement l’objet d’une étude de faisabilité technico-économique, coordonnée par GDF Suez et dimensionnée pour 500000 habitants, soit la population des agglomérations de Brest et de Quimper(1).

La Bretagne produit du vent

Du vent, la Bretagne en produit et son apport énergétique croît sans cesse : plus de 350 éoliennes tournent aujourd’hui dans la région et, d’après les objectifs de déploiement des énergies renouvelables, prévus par le pacte électrique breton (lire encadré ci-contre), la production des éoliennes devrait atteindre, en 2020, 2800MW, dont 1000 dans l’éolien offshore.

Remonter l’eau avec du vent

Pour devenir stockable, ce potentiel éolien peut être associé à un autre mode de production : des pompes de relevage de l’eau, qui fonctionnent selon le principe des barrages hydrauliques. « On les appelle des Step(2) éoliennes. Elles sont très intéressantes car leur rendement est proche de 80%, alors que celui de la pile à hydrogène ne dépasse pas 30%. Aux Canaries, l’île espagnole El Hiero qui a fait ce choix est totalement autonome en énergie », explique Thierry Le Bihan, cofondateur de Kereneo en janvier 2010.

Son entreprise était dédiée à la production d’énergie verte et locale aux heures de pointe(3). Avec son associé, il a sillonné la région pour voir comment exploiter les ressources locales. « Dans l’une de nos dernières études, nous avions imaginé utiliser l’énergie du grand moulin hydraulique situé en plein centre de Rennes pour recharger les voitures électriques acquises récemment par Rennes Métropole. Jusqu’à 300 par an, d’après les calculs ! »

Ces solutions originales demandent des investissements de départ encore trop importants par rapport au prix des énergies fossiles (pétrole et gaz) facilement stockables. Des lourdeurs administratives viennent aussi ralentir le processus. « Après le vote, en juillet 2010(4), de la loi autorisant l’injection de biogaz dans le réseau de gaz naturel, il devenait intéressant de stocker du biogaz (NDLR : produit par la fermentation du lisier) en grande quantité. Avec la Cooperl (coopérative agricole), nous avions réfléchi à une solution de collecte dans les fermes en même temps que le lait. » Près d’un an après, le décret n’est pas paru et la loi reste inapplicable.

Question de mentalités et de pratiques

Il faudrait aussi changer les mentalités et les pratiques. « Pour résoudre le problème des pics de consommation, il faudrait non seulement sortir du système de production de l’énergie actuel, très centralisé, pour aller vers un système plus réparti, mais aussi dépasser le stade du raisonnement par filières pour développer des voies mixtes : éolien/hydrogène, Step éoliennes... »

La situation est complexe. Même s’il a été obligé de cesser l’activité de Kereneo en mai dernier, Thierry Le Bihan continue à avoir un œil sur les pratiques hors de nos frontières : certains pays ont, par exemple, mis au point des systèmes qui coupent l’alimentation de certains appareils électriques, comme les congélateurs pendant une heure le soir, sans nuire à leur fonctionnement. La meilleure façon de stocker de l’énergie serait-elle la “non-consommation” ?

Le pacte électrique breton en action

Le stockage de l’énergie produite à partir de sources renouvelables est au stade de la recherche. La Bretagne se porte volontaire pour répondre à toute expérimentation sur ce thème et adapter ces systèmes de stockage aux réseaux électriques bretons. Ceci dans le cadre de la sécurisation de l’approvisionnement électrique qui est l’un des trois axes sur lequel repose le pacte électrique breton(1), avec la maîtrise des consommations d’électricité et le développement des énergies renouvelables.

En attendant de stocker et outre les efforts déjà mis en œuvre pour limiter la consommation, le moyen de production jugé le plus adapté techniquement et écologiquement pour être mobilisé aux heures de pointe est le cycle combiné gaz (CCG).

Une centrale devrait être construite dans les environs de Brest.

NB
Nathalie Blanc

(1) Le pacte électrique breton a été signé en décembre 2010 par Michel Cadot, préfet de la Région Bretagne et Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional. Il associe trois partenaires, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’Anah (Agence nationale d’amélioration de l’habitat) et RTE (Réseau de transport de l’électricité).

Thierry Le Bihan Tél. 06 03 96 31 29  thierry.lebihan [at] kereneo.fr (thierry[dot]lebihan[at]kereneo[dot]fr)

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