Une lutte pour la visibilité du sport féminin

Le sport : plus qu'un effort

N° 420 - Publié le 3 juin 2024
© HARRY TRASK

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« Tirez-vous de ma course et donnez-moi ce dossard ! » C’est en criant ces mots à Kathrine Switzer que l’organisateur du marathon de Boston en 1967 essaie de l’arrêter… mais elle franchira la ligne d’arrivée et deviendra la première femme à courir ce marathon. Les femmes ont toujours dû se battre pour participer aux compétitions sportives. « Depuis les années 1900, il y avait un refus de les intégrer dans le sport, c’est l’enjeu d’une bataille, ce sont les femmes qui ont fait plier les institutions », déclare Sandy Montañola, enseignante-chercheuse en journalisme, spécialisée dans la médiatisation du sport à l’Université de Rennes. Alice Milliat en est une figure ; elle a été la dirigeante du premier club sportif pour les femmes en 1915, encourageant la pratique sportive féminine, non sans barrières. « Il était difficile de trouver des créneaux et des lieux d’entraînement, les femmes étaient moquées sur leur physique si elles pratiquaient des sports considérés comme masculins », explique la chercheuse.

Un cercle vicieux


Aujourd’hui, de larges disparités sont toujours constatées dans la médiatisation du sport. Le sport féminin est mis en valeur lors des grandes compétitions mais très peu dans les périodes classiques. Cela entraîne une moindre diffusion, donc une exposition aux sponsors plus faible et ainsi une baisse de rentabilité des chaînes… ce qui n’incite pas ces dernières à médiatiser davantage le sport féminin. Cette invisibilisation repose sur un intérêt et une économie du sport qui se sont construits dans le temps, en faveur des hommes. Les écarts de salaires reflètent ces inégalités. Par exemple, dans le sport très médiatisé qu’est le football, le salaire moyen d’un footballeur en Ligue 1 était en 2019 de 108 000 euros par mois, contre 2 500 pour une footballeuse de Division 1, soit 43 fois moins. « On attend que les femmes prouvent qu’elles peuvent intéresser un public… mais le sport pratiqué par les femmes réalise, quand il est diffusé, des records d’audience. Il n’y a plus à démontrer son intérêt ! », conclut Sandy Montañola.

Fabio Perruchet

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