Innovation : chacun sa recette

Un merlan bleu, du thé vert, des myrtilles, un logiciel : ces produits très différents sont le résultat des approches de quatre sociétés innovantes, qui ont choisi de se démarquer dans l’univers concurrentiel des compléments alimentaires. Idée originale ou stratégie commerciale, les initiatives ont en commun de faire avancer les connaissances et de déboucher sur de nouvelles formules.

Un label antidopage

Chez Effinov Nutrition (56) la formule est aussi mathématique. La société a développé un logiciel d’aide au diagnostic personnalisé des carences et des besoins nutritionnels, commercialisé en février. L’entreprise propose par ailleurs une gamme de compléments alimentaires assortis d’un label antidopage. Un argument qui prend sens au vu de la clientèle de la société : des sportifs de niveau national en triathlon, trail, cyclisme... Et qui se justifie par le taux de compléments alimentaires engendrant une réponse positive (y compris involontaire) aux tests de dopage, 15%, selon Anthony Berthou, le gérant.

En sachet ou en gélule ?

L’effet du stress oxydant sur la rétine est une évolution naturelle dont chacun se passerait bien. La société quimpéroise Yslab a choisi de se pencher sur la question. « Empiriquement nous savions que la myrtille a un effet bénéfique sur la vision, notamment nocturne », explique Mélody Dutot. Pour ce docteur en toxicologie, il s’agit alors de comprendre « comment et pourquoi elle peut protéger du stress oxydatif. » Au cœur d’un laboratoire universitaire de pharmacologie à Paris, qui héberge le laboratoire de recherche d’Yslab, elle a testé l’effet du fruit sur des cultures de cellules épithéliales de rétines humaines. Ce parcours expérimental, qui se concrétise par la mise au point de gélules, sera présenté lors du symposium Molécules et ingrédients santé (Mis) qui se tiendra les 25 et 26 mai à Quimper (lire dans l’agenda p.20-21).

Ne pas faire de gélule, tel était l’objectif de Christophe Arneodo, au sein de Viviane Lab, à Ploërmel, dans le Morbihan. Le docteur en pharmacie et son équipe se sont concentrés sur une étape : fixer l’extrait actif sur un produit de consommation plutôt que de l’encapsuler. Ils ont choisi des feuilles de thé, dans l’idée d’associer la prise d’un complément alimentaire avec le plaisir de savourer une boisson chaude. Le procédé est breveté au niveau international et les sachets de thé commercialisés depuis fin 2010.

De la mer à l’assiette

À Saint-Malo, au sein de sa “cellule santé”, la Compagnie des pêches découpe des filets de poisson, non pas avec un couteau, mais très finement avec des enzymes, pour obtenir de petits peptides bénéfiques pour la santé osseuse et pour la silhouette. Le procédé est au point et la société recherche actuellement des partenaires pour étayer ses allégations-santé et commercialiser ses produits. La compagnie met en avant la traçabilité depuis la pêche du poisson, « par notre propre flotte », souligne Elisa Duclos, responsable R&D. C’est pour garantir sa pérennité que la Compagnie des pêches a choisi de surfer sur la vague des compléments alimentaires.