Poisson (gras) d’avril
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Présents notamment dans les tissus des organismes marins, en particulier ceux des poissons dits « gras », les acides gras oméga-3 sont essentiels à la santé humaine. Or, leur quantité dans les océans ne cesse de décroître.
Si le poisson est à l’honneur le 1er avril, les lipides qu’il contient le sont toute l’année. Ceux-ci sont une grande famille de molécules, au sein de laquelle figurent les acides gras oméga-3. Chez l’être humain, ces lipides sont indispensables au bon fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux, et sont bénéfiques pour l’appareil cardiovasculaire. Ils sont donc qualifiés d’acides gras essentiels.
Le saumon ou le thon
Notons que les microalgues font partie des rares organismes sur Terre à synthétiser certains oméga-3 (l’EPA1 et le DHA2) en grande quantité. Premier maillon des chaînes alimentaires marines, elles fournissent aux autres organismes marins des EPA et des DHA, en particulier aux poissons gras comme le saumon, le hareng ou le thon, qui en sont donc très riches. L’être humain est lui aussi capable de fabriquer ces deux acides gras, à partir d’une alimentation diversifiée et équilibrée. Mais « cette synthèse présente un faible rendement et fait donc des produits marins la principale source d’apport en EPA et DHA pour une grande partie de la population mondiale », précise Gauthier Schaal, maître de conférences en écologie marine à l’Université de Bretagne Occidentale.
Climat, pollution et surpêche
Malheureusement, compte tenu du changement climatique, de la pollution et de la surpêche, la ressource halieutique diminue depuis plusieurs décennies à l’échelle de la planète. Et le problème ne s’arrête pas là, puisque « les microalgues synthétisent de moins en moins d’oméga-3 à cause du réchauffement des eaux », poursuit le scientifique. Ces lipides jouent en effet un rôle essentiel dans la structure des membranes cellulaires, qui s’adaptent à la température en régulant leur composition afin de maintenir leurs propriétés. Et ceci passe par une réduction de la fabrication d’oméga-3, dont l’EPA et le DHA. Se supplémenter en oméga-3 est aujourd’hui possible, mais coûte très cher (compléments à plusieurs centaines d’euros au kilogramme) étant donné le processus industriel complexe utilisé.
Un projet ambitieux
Pour répondre à cet enjeu de santé publique, « nous tentons de développer de manière plus efficiente la production d’oméga-3 marins, en partenariat avec des industriels », indique Gauthier Schaal. Les scientifiques ont en effet remarqué que certaines microalgues, les thraustochytrides, présentent la capacité de produire des oméga-3 en quantité extrêmement importante. L’objectif est donc de faire proliférer ces organismes en laboratoire et d’en extraire leurs acides gras. Un projet ambitieux selon le chercheur, qui précise que « cette expérience, si elle aboutit, devra ensuite être transformée en processus industriel... ce qui n’est pas une mince affaire ».
1. Acide eicosapentaénoïque.
2. Acide docosahexaénoïque.
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