Solutions ou fausses bonnes idées

L'eau, en péril ?

N° 419 - Publié le 29 avril 2024
© GRAPHICDESIGN CARBONNIER / VIOLETTE VAULOUP
  • Creuser des mégabassines

En pompant les nappes et les cours deau en hiver plutôt quen été lorsque les niveaux sont bas, ces réserves de substitution doivent permettre aux agriculteurs de faire face aux sécheresses.

→ Mais les réservoirs artificiels dirrigation bouleversent le cycle de leau, assèchent les sols et encouragent une agriculture intensive déjà très gourmande en eau. Et leur forme, large et peu profonde, favorise lévaporation et leutrophisation. Se posent aussi les questions de laccaparement dun bien commun par une minorité dagriculteurs ainsi que de la durabilité dun tel système alors que leau vient également à manquer en hiver.

  • Penser à l'hydrologie régénérative

Cette approche rassemble plusieurs techniques daménagement du paysage qui visent à ralentir, répartir, infiltrer et stocker les eaux de pluie et de ruissellement, avec un terrain en bosses et en creux par exemple.

En jouant avec les ombres, des tranchées, des mares ou encore un système de paillage, lhydrologie régénérative permet de ralentir le cycle de leau et de créer un territoire-éponge.

  • Mettre les icebergs en bouteille

Près de 70 % de leau douce de la planète se situe dans les pôles et les glaciers. Chaque année 100 000 icebergs fondent en mer, libérant une eau vierge de toute pollution humaine. Au Canada et au Danemark, certaines entreprises les exploitent pour en commercialiser leau.

→ Mais le flou juridique sur la propriété des icebergs a entraîné des tensions entre le Danemark et le Canada après lexploitation par ce dernier de blocs de glace groenlandais ayant dérivé dans ses eaux. Sans compter que le remorquage et lexploitation sont coûteux, ce qui fait de cette eau un produit plutôt luxueux.

  • Ensemencer les nuages

En propulsant des aérosols ou du sel dans les nuages, il serait possible de contrôler la météoCette technique connue depuis les années 1940 est utilisée dans plusieurs pays, dont la France, pour faire pleuvoir et éviter les orages de grêle.

→ Le procédé est opérationnel pour protéger les cultures de la grêle mais il est aujourdhui presque impossible de prouver scientifiquement quensemencer les nuages permet daugmenter les précipitations, ou alors très peu.

  • Réparer les fuites du réseau deau

En France, près de 20 % de leau potable séchappe des tuyaux avant darriver au robinet, en partie à cause de la vétusté des canalisations, soit 937 millions de mètres cubes, léquivalent de la consommation de 18 millions de personnes.

→ Dès lors quune fuite est détectéeelle est réparéemais remplacer la totalité du réseau serait un chantier hors norme, polluant et dont le prix très élevé se répercuterait sur la facture des consommateurs. Finalement, le remplacement se fait de manière progressive.

  • Recycler les eaux usées

Une fois traitées, les eaux usées sont généralement rejetées dans le milieu naturel. Cela représenterait plus de 8 milliards de mètres cubes en métropole, dont moins de 1 % est aujourdhui réutiliséLe gouvernement a annoncé vouloir multiplier par dix le volume d'eaux usées traitées réutilisées pour d'autres usages d'ici 2030

→ Cette solution permet déconomiser lénergie du pompage et du transport, mais les spécialistes restent vigilants puisque le rejet des eaux usées traitées joue un rôle parfois très important dans le maintien du débit minimum des cours deau.

  • Récupérer l'eau de pluie

De plus en plus de particuliers prennent conscience de limportance de stocker leau de pluie et installent par exemple des cuves dans leur jardin pour arroser leur potager. Certains vont plus loin et relient ces réservoirs à leurs sanitaires ou leur lave-linge.

→ Et quelques-uns profitent même dun flou règlementaire autour du droit à utiliser leau de pluie pour un usage alimentaire ou sanitaire (vaisselle, douche…) pour installer des systèmes de potabilisation. Mais il reste interdit de boire de leau de pluie telle quelle : elle est chimiquement contaminée.

  • Dessaler l'eau de mer

La production deau de mer dessalée a été multipliée par cinq en vingt ans. Aspiréenettoyéetraitéedessalée et parfois reminéraliséecette eau peut alimenter des régions entières, comme en Espagne ou encore en Arabie Saoudite, où elle représente 70 % de leau potable.

→ Véritable planche de salut pour les pays arides ayant un accès à la mer, le dessalement de leau de mer est toutefois extrêmement gourmand en énergies fossiles et les rejets des usines affectent lenvironnement marin.

VIOLETTE VAULOUP

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