Peut-on tout conserver ?
Les coulisses des collections scientifiques
« La mission d'un musée n'est pas que de montrer, mais aussi de conserver », tient à souligner Christophe Le Pennec, responsable des collections du Musée d’histoire et d’archéologie de Vannes. Voilà qui donne le ton. Pourtant, « chaque année, l’agrandissement des collections nécessite plus d’espace et de temps consacré à l’inventaire et à la préservation », admet-il.
Inaliénabilité des collections
Les règles sont strictes. Chaque objet des collections publiques des musées de France ou des universités doit être inscrit à l’inventaire, ce qui garantit depuis le 19e siècle leur caractère inaliénable1, imprescriptible2 et insaisissable. En d’autres termes, il est impossible de faire du tri. « La radiation d’un objet de l’inventaire est rare et très encadrée », explique Manon Six, conservatrice au Musée de Bretagne. Cela permet d’éviter d’éventuelles décisions politiques liées à une époque, préjudiciables pour le futur.
Le seul moyen de faire de la place : le récolement. Tous les dix ans, les musées ont pour obligation de vérifier la présence et l’état de leurs collections en les comparant avec l’inventaire. À cette occasion, les musées peuvent déclasser les objets. En 2016, au Musée de Bretagne, 8 000 items photographiques en doublon ont ainsi été radiés. Une solution serait également de limiter les entrées dans l’inventaire. « On ne peut plus acquérir comme avant, souligne Manon Six. Conserver a un coût et nous devons davantage réfléchir à la pertinence des acquisitions pour être sûrs de pouvoir les valoriser demain. »
1. Qui ne peut être ni cédé ni vendu.
2. Qui ne peut pas être supprimé.
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest