Le Moyen Âge à travers ses vices
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Orgueil, avarice, luxure, colère, gourmandise, envie et paresse. La liste des sept péchés capitaux n’a pas toujours fait l’unanimité.
« Les théologiens en ont longuement débattu avant de parvenir à un consensus, au 13e siècle », raconte Laurent Guitton, chercheur associé au laboratoire Tempora1 à Rennes, qui vient de publier La fabrique de la morale au Moyen Âge2. Selon lui, le concept de péché est indispensable pour comprendre la civilisation médiévale. « La morale chrétienne régentait toute la société, en incluant les mécanismes mentaux et les normes sociales. »
Traités et statues
La dénonciation du péché de luxure s’est imposée dès les débuts du christianisme sous l’Empire romain3 sans rencontrer d’opposition théologique majeure. Les sources écrites et iconographiques, comme les traités religieux et les statues, révèlent en revanche que la paresse ne s’est hissée au rang de péché que plus tardivement, autour du 14e siècle. « Depuis l’Antiquité, le travail manuel était le lot des esclaves et l'oisiveté était valorisée car associée à un bon statut social. Mais la montée en puissance économique et politique de la bourgeoisie a renversé ce système moral, analyse le chercheur. Vers la fin du Moyen Âge, l’Église s’est adaptée aux valeurs chères aux bourgeois en présentant le travail comme un idéal de vertu pour tous. » Un revirement qui a certainement posé les jalons de la société actuelle !
1. Université Rennes 2.
2. Vices, normes et identités (Bretagne, 12e-15e siècles), aux éditions PUR.
3. Entre le 1er et le 5e siècle après J.-C.
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