Ils remanient les cartes

Représenter de façon simplifiée une dynamique complexe, c’est tout l’objet d’une carte. Mais pour la rendre encore plus lisible, certains n’hésitent pas à la déformer en jouant avec ses contours… « Par exemple, on peut décider de grossir les départements ayant le plus d’habitants pour mettre l’accent sur les zones les plus peuplées de France », explique Florent Demoraes, enseignant-chercheur en géographie¹ à l’Université Rennes 2.

Une carte ainsi transformée s’appelle un cartogramme. Et son invention ne date pas d’hier. « Dès 1868, l’économiste français Émile Levasseur avait décidé de représenter les pays européens avec des rectangles plus ou moins grands selon la densité de population. » Mais ces cartogrammes étaient difficiles à élaborer à la main. « L’arrivée de l’outil informatique a facilité leur développement. »

Certains phénomènes, comme le déplacement quotidien de citadins se rendant au travail, demandent une représentation dynamique. « Il faut pouvoir produire en série un grand nombre de cartogrammes pour ensuite les animer. » Florent Demoraes et son collègue statisticien Pierre-André Cornillon² ont alors développé un outil, cartogramR, qui s’utilise avec un logiciel d’analyse de données. « Il permet d’automatiser la création de cartogrammes. » Grâce à cette méthode, Hugo Thomas, doctorant en géographie, et Florent Demoraes ont réalisé une animation dans laquelle il est possible de suivre les flux de populations à Bogota (Colombie) durant une journée. « Dans ce cas, l’utilisation d’un cartogramme dynamique est appropriée. Il met bien en évidence le déplacement de la population depuis la périphérie vers le centre-ville pour travailler. » Si aujourd’hui cette nouvelle méthode de représentation n’en est qu’à ses débuts, Florent Demoraes voit déjà plus loin : « Nous souhaitons développer une interface simplifiée où chacun pourrait créer son cartogramme à l’aide de simples menus déroulants !