Dans les coulisses de l’anatomie

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N° 398 - Publié le 23 mars 2022
ALAIN AMET
Modèles pédagogiques de la poule et de l'oeuf.

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L’exposition La nature pour modèle vient d'être installée à l’écomusée de Rennes. Elle retrace l’histoire des maquettes qui ont révolutionné nos connaissances du vivant. À découvrir jusqu’en septembre.

Lumières tamisées, ambiance feutrée, rideaux de velours… Dès les premiers pas dans la vaste salle accueillant la nouvelle exposition temporaire de l’écomusée de la Bintinais, le visiteur découvre ce qui rappelle un Muséum d’histoire naturelle. De hautes vitrines éclairées agencent l’espace, exposant en guise d’introduction des planches et gravures anatomiques pour une plongée au cœur du 18e siècle. « La Renaissance marque un tournant pour les sciences du vivant. C’est l’ouverture des premières facultés de médecine et le retour de la dissection. On cherche à comprendre l’intérieur », raconte Sophie Parmentier, responsable du service des publics du musée.

Cire et papier mâché

Un siècle plus tard a lieu une véritable révolution : c’est la naissance des modèles pédagogiques en volume, en 3D comme on dirait aujourd’hui « mais sans les écrans ! » D’abord en cire puis en papier mâché, à l’échelle ou agrandies, les maquettes gagnent en précision. « Elles deviennent une véritable industrie. Des sociétés se spécialisent dans leur confection », indique Sophie Parmentier. Une partie de l’exposition est d’ailleurs consacrée à la maison Auzoux1, « un incontournable des modèles anatomiques. » Bon nombre de ceux exposés à l’écomusée ont été produits par cette entreprise qui n’a fermé ses portes qu’en 2002. Le visiteur peut par exemple observer une fleur de campanule en papier mâché ou un hanneton2 douze fois plus grand que nature. Il peut même manipuler un épi de blé entièrement démontable, identique aux modèles d’époque ! « Cette technique a fait énormément progresser la vulgarisation scientifique en médecine, botanique, zoologie et zootechnie3. » Étudier une fraise en hiver devient possible ; comprendre le fonctionnement du pis de la vache permet d’améliorer l’élevage et la production.

Des organes suspendus

La star de l’exposition trône dans une vitrine et mesure plus d’un mètre de haut. C’est un cheval dont les organes sont démontables. Cœur, estomac, gros intestin, intestin grêle, reins et foie sont suspendus par des fils transparents, faisant de ce modèle unique une sorte de marionnette aussi inquiétante que fascinante. « Il a une histoire assez incroyable. Il a été utilisé au 19e siècle à l’École d’agriculture de Rennes. Ce n’est qu’en 1990 qu’on le retrouve, sous la poussière, dans un grenier de l’école ! » Faute de salle disponible, ce cheval n’est alors ni exposé ni restauré. Il est envoyé à Nantes puis à Lyon4, avant de revenir à Rennes, dans le cadre de l’exposition. « Beaucoup de modèles ont été perdus, regrette Sophie Parmentier. Mais d’autres ont survécu grâce à des professeurs, des collectionneurs, des passionnés qui ont compris leur valeur. » Alors qu’ils ont été si longtemps remisés dans les réserves des musées, l’exposition La nature pour modèle est une occasion unique de découvrir ces objets de collection, témoins de l’histoire des sciences.

SALOMÉ REMAUD

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