De l’eau pour arrêter les balles !
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De nouveaux assemblages sont conçus pour protéger civils et militaires.
Créer un bouclier à base d’eau, c’est l’ambition du projet Probalcav.
« Plus léger et plus résistant que les autres, il sera composé de deux plaques solides en métal, céramique ou aluminium entre lesquelles il y aura de l’eau », présente Michel Arrigoni, enseignant-chercheur à l’ENSTA1 Bretagne. Ce matériau blindé avec de l’eau pourrait être déployé dans des véhicules terrestres, des vitrages, des casques, des visières…
Mais en quoi ce dispositif serait-il plus efficace qu’un blindage classique ? « Lorsqu’une plaque est percutée par un projectile, une compression se crée au niveau de la zone de collision. De l’autre côté de la plaque, l’eau est alors mise en mouvement de manière brusque et une dépression se forme à l’endroit du choc. Ainsi, l’eau liquide devient gazeuse : c’est ce qu’on appelle la cavitation. » Afin de mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs ont créé un dispositif dans lequel ils envoient une onde de choc sur une plaque en contact avec une cuve d’eau. « Nous observons que les bulles formées par la cavitation emmagasinent une partie de l’énergie reçue et créent un obstacle à l’onde de choc. Cette énergie est ensuite restituée lors de l’implosion de ces bulles quelques millisecondes après leur formation. » Cette libération est répartie dans l’ensemble du matériau et se fait de manière plus lente qu’en l’absence d’eau. Tel un caoutchouc, la bulle amortit la collision. Couplés à des modèles mathématiques2, ces tests permettront d’évaluer l’efficacité de ce principe.
Sept fois moins lourd
Autre avantage d’un blindage à base d’eau : sa légèreté. Il serait jusqu’à 7 fois moins lourd qu’un blindage en acier pour une même surface. Et sa transparence permettrait de l’utiliser pour des vitres ou des cockpits. Reste cependant à résoudre des problèmes d’étanchéité du dispositif. Les premiers tests de tir à balles réelles3 sur des maquettes sont prévus début 2023.
1. École nationale supérieure de techniques avancées.
2. Développés par l’Institut Jean Le Rond d’Alembert à Paris.
3. Par l’entreprise Olea Technologies à Lorient.
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