Reliées au continent par des câbles sous-marins
Des îles et des hommes
L’alimentation électrique des îles bretonnes est variée, allant du raccordement au réseau continental à l’autonomie grâce aux énergies renouvelables.
Belle-Île-en-Mer, Ouessant, Groix… 70 % des îles métropolitaines se trouvent en Bretagne. Pour les 10 000 habitants de ces îles, la fiabilité du réseau électrique est essentielle. C’est l’entreprise Enedis qui assure le bon fonctionnement du réseau de onze d’entre elles1 : dix sont alimentées par un câble électrique sous- marin venant du continent2. Saint-Nicolas des Glénan, au large de Concarneau dans le Finistère, fait bande à part. Elle est habitée seulement 6 mois par an et un câble n'y serait pas rentable. « Aujourd’hui, elle est alimentée à 86 % en énergies renouvelables3, grâce à une éolienne et des panneaux photovoltaïques », précise Jean-Philippe Lamarcade, directeur régional d'Enedis Bretagne. Pour les autres îles, le câble sous-marin reste la solution la plus adaptée.
La fabrication du câble nécessite une technique de pointe. « On n’assemble pas plusieurs câbles entre eux, on le fait produire en un seul morceau », explique Gwénaël Guillodo, chef de pôle chez Enedis, spécialiste des câbles sous- marins. L’intérêt est de maximiser son étanchéité. À Belle-Île, en 2015, c’est un câble de 15 km de long qui a été installé ! Quant à la pose, « son tracé n’est pas laissé au hasard. Il est important d’éviter les aires sensibles, comme les zones de pêche ou de reproduction de la faune marine », précise Jean-Philippe Lamarcade. C’est pourquoi la première étape avant de poser un câble est une étude du terrain. « Nous devons limiter l’incidence de la pose sur l’écosystème.»
Par ailleurs, le câble n’est pas enfoui mais déposé sur le sol marin. Et lors des visites de maintenance préventive, il y a parfois de bonnes surprises ! « La vie colonise le câble, on trouve souvent des coquillages et des algues dessus. En outre-mer, on a déjà vu des nids de tortue se développer autour», raconte Gwénaël Guillodo.
Course contre la montre
Malgré la fiabilité des câbles sous-marins, une panne peut survenir. L’objectif est alors de garantir un rapide retour à la normale pour les îliens concernés. « Chaque opération de réparation est une course contre la montre, explique Jean-Philippe Lamarcade. Les conditions météorologiques doivent être bonnes. En effet, il faut peu de vent pour permettre au navire câblier de prendre la mer, et une bonne visibilité dans l’eau. » Car Enedis Bretagne fait appel à des scaphandriers4, chargés de localiser précisément le défaut et de fournir des éléments sur la nature du problème. À cause des forts courants et des marées, ils n’ont parfois que 30 minutes toutes les 6 heures pour plonger en toute sécurité ! Le câble est ensuite remonté à la surface. Les techniciens réparent les fils électriques endommagés, ce qui peut prendre plusieurs jours. Heureusement, les habitants ne restent pas plongés dans le noir aussi longtemps. Des moyens d’approvisionnement d’urgence, comme des groupes électrogènes, sont mis en place pour réalimenter l’île au plus vite.
1. Îles de Bréhat, Batz, Callot, Groix, Île-d’Arz, Île-aux-Moines, Ile Longue, Belle-Île-en-Mer, Houat, Hoedic et Saint-Nicolas des Glénan. L’entreprise EDF a la charge des îles d’Ouessant, Molène et Sein.
2. En passant par un poste électrique, au départ et à l’arrivée.
3. Jusqu’en 2018, des groupes électrogènes permettaient son alimentation électrique.
4. Plongeurs professionnels.
Gwénaël Guillodo,
gwenael.guillodo@enedis.fr
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