Elle piège les parasites des cultures

L'après-pesticides

N° 383 - Publié le 14 octobre 2020
MARION GUILLAUMIN
Camille Gautier compte le nombre d’œufs de nématodes qui éclosent au laboratoire en présence de molécules de différentes plantes.

Magazine

4320 résultat(s) trouvé(s)

Dans la famille des ravageurs, Camille Gautier choisit les vers qui se nourrissent de plantes. « Je m’intéresse aux nématodes à kyste, indique la biologiste à l’Igepp au Rheu.

Le kyste est la femelle fécondée qui contient 100 à 300 œufs. Ces derniers n’éclosent qu’en présence d’une plante qui leur convient. » Problème, l’œuf peut survivre une dizaine d’années en attendant que sa plante fétiche pousse ! Cette espèce est donc difficile à contrôler. « L’éclosion est stimulée par des molécules émises par la racine, les exsudats. » Les larves pénètrent alors les racines de la plante et pompent ses nutriments pour se nourrir. Pommes de terre, betteraves, carottes… Le rendement de nombreuses cultures est dégradé.

La larve meurt en 15 jours

« Les nématicides1 désormais interdits, la recherche agronomique est mise au défi », poursuit Josselin Montarry, qui a co-encadré la thèse de Camille Gautier. Une solution de biocontrôle2 serait de leurrer le parasite. « L’idée est d’utiliser les exsudats produits par la plante en l’absence de celle-ci, explique la chercheuse en écologie et évolution. Cela provoque l’éclosion de l’œuf, mais la larve ne peut pas se nourrir ! Elle meurt en 15 jours. » C’est ce qu’on appelle l’éclosion suicide. Pour s’assurer de l’efficacité de cette stratégie, Camille Gautier a mis des kystes d’espèces différentes en présence d’exsudats. Elle a mesuré le taux d’éclosion. La provenance géographique des plantes utilisées pour produire les exsudats joue un rôle. L’éclosion suicide du nématode à kyste de la pomme de terre3 s’est révélée plus efficace avec un exsudat issu de pommes de terre  sauvages du sud du Pérou. La technique est également performante sur le nématode qui attaque la carotte. Et ce, quel que soit le microbiote du sol. Maintenant, il faut produire massivement les exsudats ou synthétiser les molécules intéressantes. C’est le challenge technologique et industriel à relever.

Marion GUILLAUMIN

1. Pesticides contre les vers.
2. Utilisation de mécanismes naturels pour protéger une plante.
3. Cette espèce est originaire d’Amérique du sud, comme la pomme de terre.

TOUT LE DOSSIER

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest