Le secret du chien blanc
L'histoire continue
Deux gènes sont à l’origine de certaines races de chiens blancs.
ls ont perdu toutes leurs couleurs ! Certains caniches, bichons, westies et bergers suisses ont un point commun : ces chiens sont blancs comme neige. Cette absence de couleur a désormais une explication. Les généticiens de l'IGDR1 ont publié les résultats de cette recherche dans une revue scientifique2.
« Chez les mammifères, la pigmentation des poils et de la peau suit le même mécanisme », explique Benoît Hédan, ingénieur de recherche en génétique et principal auteur de l'étude. Des cellules appelées mélanocytes produisent une substance colorée : la mélanine. Elle est divisée en deux constituants. L’un est à l’origine du brun-noir, l'eumélanine. L'autre est un pigment allant du jaune au rouge, la phéomélanine. Une robe blanche signifie l’absence de ces deux teintes. Pourtant, ces chiens possèdent des cellules mélanocytes qui devraient produire les pigments ! « Une information génétique leur dit de ne pas le faire. » C'est cette information inscrite dans les cellules des chiens que Benoît Hédan a recherchée.
138 chiens blancs
« Lorsque des particuliers amènent leur chien chez le vétérinaire pour effectuer une prise de sang, nous récupérons un échantillon. » Au laboratoire, l’ADN des chiens est ensuite extrait des cellules sanguines. Puis l'ensemble des gènes est répertorié par un logiciel. « Nous avons comparé les génomes de 138 chiens blancs avec ceux de 2 325 chiens colorés : deux différences ont été mises en évidence. »
Chez l’humain
Une mutation d’un gène empêche la production d’eumélanine chez les chiens blancs. Une seconde, sur un autre gène, entraîne la diminution de la pigmentation fauve. Ces deux mutations seraient donc la cause du pelage blanc. Mais d'où viennent ces mutations génétiques ? « Le pelage blanc de ces chiens est lié à l’homme, poursuit le généticien. Pour des raisons esthétiques, nous avons sélectionné pendant des générations les chiens aux poils clairs. Au point que les mutations associées se sont ancrées définitivement dans le génome de certaines races. C'est intéressant, car la seconde mutation existe aussi chez l’humain. Elle est plus rare et pourrait être liée à une faible pigmentation de la peau. » Cette recherche sur le poil des chiens renforce nos connaissances sur la peau humaine.
1. Institut de génétique et développement de Rennes.
2. Genes, mai 2019.
Benoît Hédan
02 23 23 43 19
benoit.hedan@univ-rennes1.fr
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