« Ce qui est admis aujourd’hui peut être obsolète demain »
Portrait
Directrice adjointe d’eso-Rennes(1), Professeure de sociologie de l’environnement à l’Université Rennes 2.
De l’exploration ! Ou de la création. Je suis justement en train de préparer une exposition itinérante avec le photographe François Lepage, sur les espaces protégés. Pour montrer que la nature est aussi une notion intellectuelle.
Côté enseignement, un sens social à mon rôle grâce à la transmission de connaissances à de futurs citoyens et professionnels. Côté recherche, j’ai observé la manière dont les gens se construisent des ressources pour s’adapter à leur environnement et le transformer.
Je parlerais plutôt d’opportunités. J’ai mené des recherches en Amazonie et dans l’archipel des Kerguelen(2). C’est très différent d’ici et cela nourrit toujours mes travaux aujourd’hui.
Une grande naïveté dans la connaissance du fonctionnement institutionnel ! Pendant ma thèse, j’étais tenue à l’écart des jeux d’influence. Je les ai découverts quand j’ai été recrutée. J’ai aussi gagné une capacité à les décoder.
Dans beaucoup d’enquêtes de terrain, nous demandons aux personnes de revenir sur des situations qu’elles ont mal vécues. Cela génère une émotion intense qui se finit parfois par des larmes... Même si ces personnes me remercient à la fin de l’entretien, je m’interroge sur ma légitimité, en tant que sociologue, à faire revivre des souffrances.
Je ne crois pas à la grande découverte. Ce qui est admis aujourd’hui sera peut-être obsolète demain, notamment pour les théories sociales... Je doute qu’un Graal sociologique existe.
La question que je me pose est plutôt de comprendre la diversité des rationalités. Les gens sont globalement rationnels, mais leurs visions du monde ne sont pas toujours compréhensibles au premier abord...
(1) Espace et société (CNRS, Université Rennes 2).
(2) Archipel français situé au sud de l’océan Indien.
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du magazine Sciences Ouest