Les chasseurs de fake news

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N° 363 - Publié le 8 juin 2018

Les algorithmes de l’Irisa repèrent les infos truquées.

Depuis trois ans, l’équipe de Vincent Claveau (photo) à l’Irisa(1) construit des algorithmes capables de repérer les fake news, ces fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux. « Nous sommes capables de détecter automatiquement si une photo a été modifiée, si un élément a été ajouté ou effacé, ce qui prouve qu’il y a eu un montage », explique le chercheur CNRS en informatique à l’Irisa. Ce dispositif est assez simple, comparé à l’analyse d’articles.

Le style d’écriture

Dans un premier temps, un expert humain établit une liste noire des sites considérés comme peu fiables. Il s’agit de sites Internet qui se revendiquent comme organes de presse alternatifs, de “réinformation”. Ils peuvent révéler une vérité cachée, mais sont souvent vecteurs de fausses informations. Leur existence juridique est aussi prise en compte. Ensuite, sur la base de ces exemples, la machine apprend automatiquement à repérer ce type d’articles. Le programme informatique examine le style d’écriture, comme l’usage excessif de points d’exclamation, ou le vocabulaire propre au registre de l’émotion. Il émet des points de vigilance sur les textes passés au scanner. Les deux procédés se complètent « car la plupart du temps, les informations virales qui font le buzz se composent d’un texte et d’une image. »

Les “deep fake”

« Nous n’avons pas à émettre de jugement, d’autant que la presse propose déjà des analyses et des interprétations. Au lecteur d’utiliser son libre arbitre. Nous sommes dans un rôle de vigie », poursuit Vincent Claveau qui tient farouchement à ne pas devenir un censeur. « Ce n’est pas notre rôle. » Mais l’efficacité de ces algorithmes risque de trouver rapidement ses limites, souligne-t-il : « Les “deep fake” se développent. Cette expression est une contraction de “deep learning”, une technique d’apprentissage artificiel très pointue, et de fake news. Il s’agit, par exemple, de créer de toutes pièces la vidéo d’un discours politique, de Barack Obama par exemple, grâce à un modèle virtuel de l’ancien président américain, appris sur les vidéos existantes. Pour nous, c’est un nouveau challenge. »

Julie Lallouët-Geffroy

(1) Cette équipe de l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires est composée de Vincent Claveau, Ewa Kijak et Cédric Maigrot (Irisa, CNRS, Université de Rennes 1).

Vincent Claveau
vincent.claveau@irisa.fr

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