Les insectes aiment les champs étroits

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N° 361 - Publié le 12 avril 2018

La diversité des insectes pollinisateurs dépend de la géométrie des parcelles agricoles.

La biodiversité est liée à la forme des champs. Telle est la conclusion du projet FarmLand(1), auquel ont participé des chercheurs rennais(2). L’étude s’est déroulée dans quatre pays européens, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. En tout, 229 parcelles ont été étudiées dans 94 paysages agricoles, notamment en Bretagne. « Nous avons testé la diversité des cultures et la configuration spatiale des parcelles », explique Jacques Baudry, chercheur en écologie à l’Inra de Rennes. La forme des parcelles s’est révélée déterminante pour favoriser la diversité des pollinisateurs, l’échange de pollens et le taux de pollinisation. « Plus un champ est allongé, plus la longueur de ses côtés augmente. Cette bordure permet aux insectes de se déplacer, de s’abriter pendant l’hiver et de se nourrir à certains moments de l’année. »

L’important est d’éviter les champs trop étendus : « Les pollinisateurs partent de la bordure, si le champ est trop grand, ils n’iront pas au milieu. » Il n’est pas toujours nécessaire de planter des haies, même si leur présence est utile. Une bande de quelques dizaines de centimètres entre deux parcelles, avec des “mauvaises herbes”, peut suffire.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont coloré des grains de pollen pour suivre leur déplacement. Ils ont testé le succès de la pollinisation, en plaçant des radis noirs en pot, quelques jours dans les parcelles. Ils ont ensuite mesuré la quantité de graines produites. En plus des pollinisateurs, d’autres insectes profitent des bordures pour se déplacer : les “auxiliaires”, qui aident à réguler les populations de ravageurs.

Autre résultat de l’étude, une plus grande variété de cultures fait baisser la diversité des pollinisateurs ! Cet effet contre-intuitif demande des recherches complémentaires. « Nous avons étudié l’hétérogénéité des cultures, mais nous ne nous sommes pas intéressés à leur composition, précise le chercheur. Nous ne savons pas s’il s’agit de blé, de maïs, de colza. » L’hypothèse est que, lorsque cette diversité est élevée, le nombre de cultures intensives augmente. Ceci serait défavorable pour les insectes et les plantes sauvages.

(1) L’étude a fait l’objet d’une publication le 14 février dernier dans Proceedings of the Royal Society London B.
(2) Chercheurs des unités Écobio (CNRS/Université de Rennes 1) et Bagap (Institut national de recherche agronomique).

Jacques Baudry
tél. 02 32 48 56 21
jacques.baudry@inra.fr

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