Il n’y a pas d’âge pour devenir entrepreneur. À peine diplômé de l’Ensta Bretagne, Antonin Raffarin a sauté le pas.
Dans un petit bureau dans un coin de l’Ensta Bretagne(1), Antonin Raffarin a déjà accompli de grandes choses. Ce jeune diplômé et fan de kitesurf a réussi ce que beaucoup aimeraient faire : joindre l’utile à l’agréable, le travail à sa passion des sports nautiques ! Depuis le mois de mars dernier, il dirige l’entreprise Inobo, qu’il a fondée avec un de ses copains de promotion, Thomas Glanowski, lui-même pratiquant de planche à voile et passionné de kitesurf. Tous les deux ont développé le concept de la planche de kitesurf évolutive qui permet de changer d’équipement à moindres frais. Et dans l’aventure de la création d’entreprise, c’est Antonin, qui est le moteur.
Se frotter à du concret
Après sa deuxième année à l’Ensta Bretagne, l’envie d’aller voir du concret le pousse à faire un an de césure pour partir en Chine et découvrir le monde de l’entreprise. « J’ai travaillé six mois chez Valeo, pour ne pas m’enfermer dans les sports de glisse, et j’en ai passé six autres chez Cabrinha Kiteboarding, une entreprise de fabrication d’outils nautiques, en tant qu’ingénieur R&D, explique-t-il. Et je suis revenu avec une certitude : qu’il existe de gros besoins en modélisation ! La plupart des produits sortent du cerveau de designers, et passent ensuite directement au stade de prototypes, sans que les propriétés mécaniques n’aient été testées, par exemple. Ce circuit de conception est coûteux car il génère beaucoup de gâchis ! » À son retour, pour sa troisième année d’école, il choisit de s’éloigner un peu de la technique pour suivre l’option Ingénierie et gestion des organisations avec une idée derrière la tête. « Nous avions encore tous les deux le statut d’étudiant, ce qui nous a permis de tester notre concept et de postuler à différents concours comme celui des Entrepreneuriales de Bretagne, où nous sommes arrivés premiers, et à la version nationale où nous avons terminé sixièmes ! » Antonin Raffarin a également bénéficié du dispositif Pépite Bretagne(2) qui favorise l’entrepreneuriat chez les étudiants.
Anciens étudiants à l’Ensta Bretagne, Antonin Raffarin (à gauche) et Thomas Glanowski posent devant leur école où ils ont cofondé la start-up Inobo. Ils présentent le prototype de leur planche de kitesurf évolutive.
Mathieu Le Gall
Un an pour conclure
En septembre 2016, tous deux diplômés, les deux amis se jettent à l’eau et se donnent un an pour concrétiser leur projet. « Nous étions partis sur l’idée d’une planche de kitesurf transparente et évolutive. Mais le côté transparent n’a pas rencontré un franc succès... Par contre l’aspect évolutif, oui. » Il s’agit de dissocier le squelette de la planche, pièce qui lui donne sa résistance, de la partie extérieure appelée deck (pont). Trop de rayures ? Envie d’une autre couleur ou d’un autre design graphique ? Les aficionados conservent le squelette et n’achètent que le deck qui, seul, ne coûte que 99 €, contre 600 € pour une planche classique entière. Une fois squelette et deck assemblés, on ne voit aucune différence.
En un an, les deux créateurs en herbe ont déjà passé avec succès plusieurs étapes clés : ils ont réalisé toute la phase de modélisation des contraintes mécaniques, fait construire et testé le prototype, organisé la conception : le squelette est réalisé par ID Composite, basée à Saint-Brieuc, tandis que le deck est fabriqué à Rennes par Plast’It. Une campagne de crowdfunding va être lancée dans le courant du mois de novembre pour financer la fabrication des quarante premières planches. Les deux associés prévoient d’en fabriquer deux cent cinquante en 2018.
Avec la déesse des mers calmes !
L’avenir d’Inobo - contraction de Ino, la déesse des mers calmes, et de bo, pour board (planche) - se dessine sereinement avec même quelques petits coups d’accélérateur : « Nous avions envisagé de commercialiser notre produit en ligne, or nos opérations de communication ont suscité l’intérêt de plusieurs magasins à l’étranger : aux États-Unis, au Canada, en Angola, en Afrique du Sud et en Australie !, poursuit Antonin. Cela implique d’organiser une autre logistique, peut-être la création
d’entrepôts sur place... On n’est pas tout à fait prêts ! » Cela n’empêche pas les deux entrepreneurs de penser déjà à la diversification et de voir comment adapter leur concept de planche évolutive à d’autres sports de glisse comme le wakeboard et même le snowboard. Tandis qu’une troisième personne, Rémi Rigal, encore étudiant à l’Ensta Bretagne, les a rejoints pour plancher sur la prochaine innovation... encore confidentielle.
Le virus de l’entrepreneuriat
Mais il y a quand même une ombre au tableau : Antonin avoue ne plus avoir autant de plaisir qu’avant à “kiter”, car quand il est sur sa planche, il ne décroche pas de son travail ! « Je suis toujours en train de réfléchir des améliorations, des innovations... » Une chose est sûre, le virus de l’entrepreneuriat n’est pas prêt de le quitter. En plus d’être président d’Inobo, Antonin est responsable du tout nouvel incubateur de l’Ensta Bretagne, qui compte cinq entreprises en plus de la sienne. Et il reconnaît : « Inobo est un marché de niche, c’est le côté limitant. J’aimerais un jour m’attaquer à un marché plus grand. Quand ce sera le moment. »
(1) École nationale supérieure de techniques avancées.
(2) pepite@u-bretagneloire.fr
https://www.pepitebretagne.fr/
Antonin Raffarin
tél. 02 98 34 89 38
antonin.raffarin@inobo.fr
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