« J’essaie de comprendre ce qui se passe au niveau des zones de subduction. »
Portrait
Je reconstitue l’histoire de roches qui se trouvent aujourd’hui à la surface de la Terre, mais dont les minéraux indiquent qu’elles se sont enfoncées à plusieurs dizaines de kilomètres sous terre, dans une zone de subduction, ces endroits où deux plaques tectoniques convergent. La question est de savoir jusqu’à quelle profondeur elles se sont enfouies. L’hypothèse communément admise est qu’il est possible de convertir la pression enregistrée par les roches, en profondeur, en considérant qu’elle correspond au poids des roches se trouvant au-dessus d’elles. Mais, selon l’hypothèse que je défends, ceci ne pourrait être vrai que si la surface de la Terre(1) était statique. Or, les mouvements liés à la tectonique des plaques ajoutent d’autres forces. Par exemple, les roches de l’île de Groix ont subi une pression d’environ deux gigapascals. Selon la vision classique, cela voudrait dire qu’elles se sont enfoncées à 60 km de profondeur, avant de remonter à la surface. Mais, en tenant compte des forces de compression et d’étirement, elles pourraient n’avoir été, en réalité, qu’à 30 km ! Si cette hypothèse est vraie, elle modifierait notre vision de la dynamique des zones de subduction. Mais le débat est encore houleux, il faut des preuves pour soutenir cette théorie. Pour cela, je fais des allers-retours entre le terrain et le laboratoire. L’observation des roches permet d’avoir une idée des types de déformations qu’elles ont subis. Avec des modèles numériques, je retrace l’évolution des conditions de pression et de température possibles et je compare le résultat avec ce que l’on observe sur le terrain.
(1) Plus exactement, la lithosphère qui s’étend jusqu’à environ 100 km de profondeur, et comprend la croûte et la partie résistante du manteau.
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du magazine Sciences Ouest