«J’aime cette idée de m’être laissé guider par le hasard.»
Portrait
Chercheuse en écologie et biologie évolutive à la Station biologique de Roscoff
Historienne. Au lycée, j’étais fascinée par l’histoire. Puis les rencontres en ont décidé autrement. Mais j’y reviens quand même : avec la biologie évolutive, je retrace l’histoire des populations et des espèces !
J’ai trouvé l’importance de croiser ces deux disciplines : l’écologie et la biologie évolutive. En particulier depuis que je travaille sur les processus d’introductions biologiques, liés aux activités humaines. L’étude des espèces introduites montre que l’évolution n’est pas qu’un processus qui agit sur le temps long. C’est aussi un processus qui agit sur des échelles de temps écologiques, beaucoup plus courtes, avec des conséquences multiples qui se voient aussi bien sur l’architecture des génomes que sur la diversité des écosystèmes.
Oui, avec certitude ! Mais je n’ai pas d’exemple concret tant mon cheminement, aussi bien personnel que professionnel, s’est construit avec le hasard. Celui des rencontres notamment. J’aime cette idée de m’être laissé guider par le hasard...
Je vais peut-être manquer d’originalité, mais je pense avoir perdu de la liberté d’action dans mon travail. Je fais ce métier depuis plus de vingt ans et je trouve qu’aujourd’hui la recherche fondamentale est sous le feu des contraintes. Pas seulement financières, mais aussi des contraintes d’orientation. Les deux manières de faire de la recherche, fondamentale et appliquée, doivent absolument coexister, et la liberté de choix, par les chercheurs, des orientations de recherche fondamentale est primordiale.
C’est une question impossible à poser à un chercheur ! La découverte et la connaissance scientifiques sont intrinsèques à notre métier. La question renvoie plutôt aux applications qui en découlent, qui peuvent pervertir les découvertes initiales.
Aucune idée... À part peut-être mes rêves d’enfant : la découverte de nouveaux mondes et les voyages dans le temps !
Je suis quelqu’un de fondamentalement rationnelle. Mais, on le voit notamment via les médias, l’irrationalité semble gagner du terrain et cela me fait réfléchir. Est-ce parce que les nouveaux savoirs sont plus complexes et peu accessibles ? Parce que les scientifiques ont du mal à communiquer ? Ou est-ce dû à la surinformation ? Ces questions m’interpellent.
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest