«J’étudie les décisions individuelles.»
Portrait
« Plus particulièrement, j’étudie comment les individus prennent leurs décisions en cas d’incertitude. Lors d’un projet qui va débuter avec l’université de Rotterdam, aux Pays-Bas, je vais appliquer mes méthodes d’économiste au domaine de la santé. On sait assez bien comment les gens prennent leurs décisions dans le cas de risques monétaires, mais pour la santé, ce n’est pas aussi simple. Elle ne se transfère pas d’un individu à l’autre, sauf peut-être par l’éducation. On ne peut pas non plus la mettre de côté pour plus tard, comme on le fait avec l’argent. De plus, les individus ont des biais lorsqu’ils jugent une situation d’incertitude, comme le fait de surestimer les petits risques et sous-estimer les grands risques. On le voit bien lors de l’apparition d’une nouvelle maladie, tout le monde veut être protégé, même si les risques sont faibles. En revanche, les gens ont tendance à moins se faire vacciner pour une grippe qu’ils ont plus de risques d’attraper. Nous allons donc développer des méthodes pour mesurer ces biais. Actuellement, la perception de l’incertitude n’est pas tellement prise en compte. Les outils actuels considèrent que les perceptions des individus les conduisent toujours à prendre des décisions bénéfiques pour eux. De plus, l’interaction entre la santé et l’argent n’est pas du tout développée. Or les individus sont de plus en plus appelés à payer pour se protéger, à travers, par exemple, des assurances santé. Si notre méthode est pertinente pour mesurer les composantes d’une prise de décision dans ce domaine, elle pourrait aider les professionnels de santé à s’assurer que leurs patients évaluent correctement les risques d’une opération ou les conséquences de ne pas se faire vacciner. »
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest