Tout juste sortie de terre

Extérieurement elle semble moderne et normale. Mais si le visiteur pouvait voir à travers les murs et le plafond, il serait surpris. Cette maison est un concentré d’innovations techniques. Elle a été conçue pour préfigurer ce à quoi pourrait ressembler la maison de demain.

E-roise, c’est le nom de la villa brestoise, est l’une des vingt-cinq maisons construites en France par des groupements de scientifiques, d’industriels et de constructeurs dans le cadre du programme Comepos, porté par l’Ademe(1) et piloté par le CEA(2) et l’Institut national de l’énergie solaire. Comepos vise notamment à développer l’habitat individuel à énergie positive - qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme - et, par là, à préparer la réglementation thermique de 2020.

Régis Croguennoc, sur le chantier le 13 septembre dernier.
Michèle Le Goff

Tout imaginer

Imaginez, développez et testez, telles étaient les consignes données aux vingt-deux partenaires du programme. C’est ce qu’a fait l’équipe d’E-roise, composée du constructeur, Trécobat et de ses partenaires : le CSTB(3), l’entreprise Delta Dore et les industriels et artisans locaux et de l’Ouest(4). Ils avaient carte blanche pour atteindre un premier niveau vers l’autonomie énergétique. « D’emblée nous avons souhaité positionner l’habitant au cœur de nos recherches, dépassant en cela le seul thème de la performance énergétique, confie Régis Croguennoc, responsable Études et conception chez Trécobat et chef de projet E-roise. Nous voulions profiter de cette opportunité de travailler avec tous ces partenaires pour concevoir une maison qui soit aussi équipée de dispositifs qui facilitent les usages domestiques et améliorent le confort quotidien, voire la santé : qualité de l’air, champs magnétiques..., et respectent l’environnement. »

Ainsi, pendant 18 mois, ils ont simulé, calculé, prototypé et développé leurs idées. Certains industriels y ont vu l’opportunité de finaliser la conception d’un dispositif qui n’était qu’un prototype de laboratoire, comme ce système thermodynamique de chauffage sans fluide frigorigène (diminution de la contribution à l’effet de serre) ni compresseur (l’absence de mécanique augmente la durée de vie). D’autres ont profité de l’occasion pour adapter un procédé, jusque-là exclusivement déployé sur des bâtiments industriels, à des maisons individuelles. Ainsi, la villa est équipée de vitrages à contrôle solaire qui limitent les rayonnements directs, évitent les pics de chaleur en été (effet de serre) et une luminosité directe trop violente. D’autres encore ont réuni leur savoir-faire pour combiner un prototype alliant deux technologies et proposer une ventilation hybride et surtout inversée, qui apporte de l’air à la maison plutôt que d’en extraire, pour en améliorer la qualité.

Prête à être habitée

Bien sûr, toutes les innovations doivent être compatibles entre elles, apporter une réelle valeur ajoutée pour les usagers et l’environnement et être reproductibles puisque l’objectif est de les déployer largement d’ici à quelques années.

Après la phase de vérification et d’optimisation du fonctionnement, de vrais occupants vont venir habiter et tester in situ cette maison et ses innovations, a priori au début de 2017. Des sociologues recueilleront leurs avis et des capteurs (température, hygrométrie...) transmettront au CEA, pour analyses, les données réelles du lieu habité par une famille. Pour l’heure, la maison tout juste inaugurée (le 12 octobre) se prête aux visites jusqu’au mois de décembre.