"Sous la banquise, dans l’eau à moins deux degrés, avec une faune magique et colorée…"
Portrait
Plongeur, médaille de Cristal 2016 du CNRS(1), responsable des moyens à la mer de l’IUEM
Avant, j’étais plongeur démineur dans la Marine nationale. Je serais peut-être devenu cinéaste animalier ! Je me suis spécialisé dans la photo sous-marine, mais j’avais d’autres idées qui alliaient la photo, le film, la plongée et les voyages.
J’assiste des chercheurs pour monter des expéditions exceptionnelles dans des endroits incroyables ! C’est très motivant. Au contact des scientifiques, je me rends compte que l’on connaît très peu de choses sur l’océan. Il faut mettre plus d’énergie et de moyens pour sa connaissance.
Oui, dans ma transition professionnelle, il a bien fait les choses ! Je ne partais pas pour une reconversion dans le milieu scientifique. Un ami m’a parlé d’un poste au CNRS et je ne regrette pas. Dans la construction de projets scientifiques en zone polaire, il faut parfois tout inventer pour faire des mesures. Le hasard engendre alors des rencontres avec d’autres personnes, pour trouver des solutions efficaces, comme du matériel de plongée adapté aux conditions extrêmes.
Une certaine innocence, parfois. En Antarctique, nous réalisons des plongées étonnantes, sous la banquise, dans de l’eau à moins deux degrés, avec une faune magique, peu connue et colorée. Mais parfois je me surprends à ne plus être émerveillé. C’est devenu une zone de travail ! C’est dur et difficile, il faut être concentré... Mais je suis attentif à garder l’émerveillement.
La fin d’une passion.
Que l’on robotise tout ! La tendance est à envoyer des engins, plutôt que des hommes. Certains étudiants font de l’océanographie devant un ordinateur, pendant des années. Ils perdent le contact avec le milieu marin, le froid, l’humidité. La vie marine, il faut aller l’observer soi-même pour comprendre et alimenter ses réflexions.
La folie des hommes. L’homme n’est jamais rationnel. On dit des choses, on fait l’inverse. On ne met pas assez de moyens dans ce que l’on veut produire. C’est ce qui me désespère le plus !
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest