Une nouvelle baleine dans l’Atlantique
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Des biologistes brestois ont identifié une nouvelle espèce de rorqual dans l’océan, grâce à l’ADN.
« C’est une découverte spectaculaire ! Ce rorqual d’Omura n’aurait jamais été identifié sans l’outil moléculaire. C’est une baleine très discrète, quasiment inconnue. Notre découverte va changer le regard sur elle. La communauté scientifique la croyait limitée à un endroit du globe. » Jean-Luc Jung est responsable de l’équipe Biologie et génétique des mammifères marins dans leur environnement (Biogemme), à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest. Il a démontré que l’espèce Balaenoptera omurai, découverte en 2003 en mer du Japon, vit aussi dans l’Atlantique Nord, grâce à son ADN.L’animal était échoué sur une plage africaine. Dans le cadre du programme Biodiversité Gaz Pétrole (BGP), mené par la Mauritanie avec l’Onu et l’UICN(1), les animaux échoués (oiseaux, tortues, mammifères marins) sont recensés. Chaque trimestre, des biologistes(2) de Nouakchott et des spécialistes internationaux parcourent en 4x4, durant plusieurs jours, une plage déserte de 400 km de long. Ils s’arrêtent près des cadavres, les identifient, les photographient et notent les coordonnées GPS. En novembre 2013, ils tombent sur une carcasse décomposée. Sa forme indique que c’est un rorqual, mais de quelle espèce ? « Ils n’ont pas pensé à un rorqual d’Omura, ce n’était pas imaginable. Nous sommes à 18000 km de l’endroit le plus proche où l’espèce avait été identifiée. »Biogemme participe au programme BGP(3). Les Brestois reçoivent un échantillon de la baleine en février 2014. Ce fragment de muscle et de peau pèse moins d’un gramme. Ils extraient l’ADN et séquencent une partie du génome. Après une semaine de manipulations, les biologistes identifient l’animal avec certitude. Ces résultats ont été présentés à la Commission baleinière internationale en mai dernier et viennent d’être publiés dans la revue scientifique Marine Biology Research. La baleine était un bébé de 4 m de long, sûrement accompagné de sa mère. Il porte des traces de coupures, peut-être des hélices. La présence de ce rorqual indique la richesse de l’écosystème marin au large de la Mauritanie. Un environnement fragile, où l’homme est présent pour le pétrole offshore et la pêche industrielle.
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