Cela étonne toujours les gens de savoir qu’il existe une différence de sexe chez les algues.

Portrait

N° 333 - Publié le 8 juillet 2015
©
L'épreuve par 7
Susana Coelho

Spécialiste de la biologie de la reproduction des algues brunes Médaille de bronze 2015 du CNRS(1),

Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Musicienne. Je faisais du piano quand j’étais petite et participais à pas mal de concours, mais j’ai arrêté. J’ai fait mes études à la faculté des sciences de Porto au Portugal. La proximité de la mer ainsi que mon penchant pour les plantes, plus que pour les animaux - j’avais horreur des dissections ! - ont fait que j’ai commencé à étudier les algues. Au début je m’intéressais à leur développement et travaillais avec des outils de biologie cellulaire.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Aujourd’hui je fais de la génétique et, en isolant précisément la région du génome spécifique aux mâles et aux femelles(2), j’ai trouvé comment les algues brunes se reproduisent. Cela étonne toujours les gens de savoir qu’il existe une différence de sexe chez les algues, car ils ne les voient pas comme des organismes complexes : elles sont juste gênantes quand on va à la plage, car elles collent aux jambes et attirent les mouches !

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, par exemple en ce qui concerne mon arrivée en Bretagne. J’étais alors en thèse juste de l’autre côté de la Manche, à Plymouth. J’avais fait la traversée pour les vacances et j’étais venue visiter la Station biologique de Roscoff. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Akira Peters, un chercheur d’origine allemande qui m’a branchée sur la biologie de la reproduction des algues et... mon futur mari !

Qu’avez-vous perdu ?

Je perds souvent mes valises quand je pars en congrès. Je commence à être connue à l’aéroport Charles-de-Gaulle.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Sur le sexe des algues tout est permis ! Mais sinon, j’espère qu’on ne découvrira jamais comment lire dans les pensées des autres...

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Je ne peux pas choisir une découverte en particulier parmi tout ce qui se fait. Pour moi, en recherche, tous les petits pas sont importants.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je pense que tous les chercheurs se doivent d’être rationnels, notamment en ce qui concerne l’analyse des résultats. Par contre, il ne faut pas rester coincé dans la rationalité. Il faut savoir tenter des choses, prendre des risques...

elle a été interviewée par téléphone depuis Roscoff par Nathalie Blanc.

(1) La médaille de bronze du CNRS récompense le premier travail d’un chercheur qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. (2) Lire L’évolution lue dans le sexe des algues dans Sciences Ouest n° 325, novembre 2014.

TOUS LES PORTRAITS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest