« Je m’intéresse aux lieux émergents d’expérimentation numérique »
Portrait
Je m’intéresse aux lieux émergents d’expérimentation numérique. Les hackerspaces, les FabLabs et les LivingLabs. Ils se sont multipliés ces dernières années et suscitent beaucoup d’enthousiasme. Mais cet effet de buzz cache des réalités multiples. Je cherche à comprendre quelle est leur place dans la ville. Leur place géographique : dans quels quartiers, dans quels types de bâtiments ils sont hébergés, mais aussi leur place sociale : qu’est-ce que leur position raconte de leurs liens avec les habitants, les collectivités... Je m’interroge aussi sur ce que ces lieux produisent. Comment leurs expérimentations influencent l’aménagement urbain, par exemple. En faisant un tour de France exploratoire, j’ai mieux cerné ces lieux. Les hackerspaces sont très attachés à leurs valeurs libertaires. Ce sont des gens passionnés qui se regroupent pour bidouiller. Les LivingLabs, par contre, sont plus proches du monde économique. Ce sont des espaces de tests - il n’y a pas de machines -, connectés aux start-up et souvent aux espaces de coworking. Les FabLabs sont entre les deux. Ils sont dédiés à la bidouille mais, en France, ils sont fortement liés aux institutions et poussés à développer un modèle économique. Ça ne correspond pas au concept de départ, plus proche d’un service public, lancé par le MIT(1). Les FabLabs portent aussi un enjeu social. Ils sont censés être ouverts à tous mais la réalité est parfois différente. Pendant ma thèse, j’aimerais comparer trois villes européennes, pour voir si la relation à l’urbain de ces lieux varie selon les pays.
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest