D’où vient ce collier multimillénaire ?

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N° 330 - Publié le 7 avril 2015
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Un colloque révèle les mystères des parures en variscite retrouvées en nombre dans les tumulus de Carnac.

Cette parure est précieuse. Précieuse aux yeux des archéologues, car elle a plus de 6500 ans. Elle l’est aussi aux yeux des hommes du néolithique, pour qui la variscite, la pierre qui la constitue, de la même famille que la turquoise, avait certainement une grande valeur.

Dans le Morbihan, et plus spécifiquement à Carnac et dans les tumulus proches, de nombreuses perles, parures et des objets prestigieux en variscite, aussi appelée callaïs, ont été retrouvés, dès les premières fouilles, au milieu du 19e siècle. Aujourd’hui, archéologues et géologues européens finissent à peine de percer le mystère de ces pierres. Ils se sont réunis les 1er et 2 avril derniers à Carnac, pour faire le point sur leurs avancées.

« Les parures ont été analysées dès le début du 20e siècle, explique Guirec Querré, géologue au laboratoire Archéosciences de Rennes(1) et coorganisateur du colloque, datées entre 4500 et 2500 ans av. J.-C., mais personne ne savait d’où elles provenaient. » Dans les années 60, une ancienne carrière à Pannecé, près de Nantes, laisse apparaître quelques filons. En parallèle, de nouvelles pierres sont mises au jour dans la péninsule Ibérique et dans le sud de la France. Et des mines néolithiques de variscite sont découvertes au sud de Barcelone dans les années 70.

« De mon côté, j’ai commencé à analyser des échantillons grâce à Aglae, le seul accélérateur de particules dédié aux objets archéologiques et aux objets d’art, situé dans l’enceinte du Louvre », poursuit Guirec Querré. Vingt-quatre éléments constitutifs majeurs, ou en trace, sont identifiés. Du phosphore, de l’aluminium mais aussi du fer, de l’arsenic. « J’ai aussi analysé 244 échantillons récoltés dans cinq sources connues, de Nantes à la Galice, jusqu’au Portugal. » Chaque source avait alors son empreinte digitale. Cet inventaire titanesque a finalement demandé plus de quatorze ans de travail ! Et révèle une information de taille : « Les pierres bretonnes ne viennent pas de Nantes, indique le géologue, qui termine ses dernières analyses, mais bien d’Espagne. Cela prouve qu’il existait des échanges dès cette époque entre ces deux régions, distantes de milliers de kilomètres. » À pied, ou par voie maritime ?

(1) UMR 6566 CReAAH CNRS, MCC, Universités de Rennes 1, Rennes 2, Nantes, Le Mans.

Guirec Querré
Tél. 02 23 23 59 16
guirec.querre [at] univ-rennes1.fr (guirec[dot]querre[at]univ-rennes1[dot]fr)

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