La recherche est le bon moyen pour exprimer le plaisir de créer et d’innover.
Portrait
Chercheur à l’Institut de physique de Rennes
J’ai eu envie d’être médecin. Les métiers artistiques me tentaient également, mais je n’étais vraiment pas doué avec mes doigts ni avec ma voix ! Finalement, la recherche a été le bon moyen pour exprimer le plaisir de créer et d’innover.
Au-delà des résultats scientifiques, j’ai trouvé le plaisir de travailler en équipe, de me promener à travers le monde, de profiter de la liberté que nous offre ce métier, pour explorer des pans de la recherche que l’on ne connaît pas encore.
Le hasard est la chose la plus importante pour nous, découvreurs. Il faut se fier au hasard, car il permet de découvrir des choses auxquelles on ne s’attendait pas. Le meilleur exemple est celui de Christophe Colomb, qui est parti avec une idée et a découvert quelque chose de complètement différent, l’Amérique. Le hasard fait partie de notre métier, le refuser est un véritable danger.
J’ai perdu la foi dans le système de financement de notre recherche. Il oblige à avoir des objectifs parfaitement définis, alors que la recherche doit laisser la place à la créativité. Si l’on tombe sur quelque chose de très intéressant, on est obligé de l’abandonner : on a eu de l’argent pour faire quelque chose, mais pas pour aller dans cette nouvelle direction !
Ce n’est pas la question que doivent se poser les chercheurs. Nous sommes là pour trouver. Après, c’est la société qui s’approprie nos découvertes : elle en fait un bon ou un mauvais usage. Nous sommes en démocratie, c’est à l’ensemble de la population d’exprimer si les découvertes sont intéressantes ou pas.
S’il y avait quelque chose à inventer aujourd’hui, c’est une boîte magique qui expliquerait à tout le monde qu’il faut être tolérant avec les autres. Nous sommes tous égaux. Il faut toujours croire en la personne en face de soi, au-delà de nos préjugés.
Rien n’est rationnel dans l’être humain. Nous avons encore des instincts et des comportements que la science n’explique pas. Dans le domaine que j’étudie, qui consiste à soigner les gens(1), il vaut mieux que le malade ait le moral au top : cela aide autant qu’un bon médicament. C’est irrationnel, mais c’est important.
(1) Franck Artzner est spécialiste de la formulation de molécules, utilisées pour soigner les patients souffrant de gigantisme.
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du magazine Sciences Ouest