Ils ont compris le dialecte des singes

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N° 328 - Publié le 3 février 2015
© Camille Coye

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Les mones de Campbell, une espèce de singe, poussent des cris pour avertir d’un danger. Mais un cri donné n’a pas le même sens en fonction de la région où ils vivent. C’est ce que vient de publier un linguiste parisien, Philippe Schlenker(1), après avoir étudié les données recueillies par le laboratoire EthoS de l’Université de Rennes 1 notamment. « En forêt de Taï, en Côte-d’Ivoire, le cri “hok” prévient d’une attaque d’aigle, explique Alban Lemasson, éthologue rennais. “Krak” d’un léopard et “krak-oo ” d’un danger mineur. » Sur l’île de Tiwai en Sierra Leone où une autre population a été étudiée, on ne trouve plus de léopards depuis quarante ans ! « Là, “krak” a une signification d’alerte générale », poursuit le chercheur. Pour le linguiste Philippe Schlenker, la précision du sens de “krak” chez les singes ivoiriens se fait par compétition avec les autres cris. Ainsi quand une mone utilise “krak”, elle n’utilise pas “hok” donc ce n’est pas une attaque aérienne, et elle n’émet pas “krak-oo” donc ce n’est pas un danger mineur. Donc c’est une attaque terrestre sérieuse : un léopard ! Sur l’île de Tiwai, cette précision n’a pas lieu d’être et le “krak” reste général. « C’est la première fois qu’une méthode de la sémantique formelle est appliquée aux animaux », précise Alban Lemasson.

(1) Dans Linguistics & Philisophy.

Alban Lemasson
Tél. 02 23 23 68 20
alban.lemasson [at] univ-rennes1.fr (alban[dot]lemasson[at]univ-rennes1[dot]fr)

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