Décompresser en toute sécurité
Actualité
Des chercheurs brestois ont coordonné un projet pour mieux comprendre les accidents de décompression.
Sous l’eau, plus le plongeur descend vers les profondeurs, plus la pression qui l’entoure est forte. Et c’est lorsqu’il remonte que cela peut causer de graves accidents. « Lorsque la pression augmente, une partie du gaz respiré par le plongeur se dissout dans ses tissus, explique François Guerrero, chercheur au laboratoire Orphy(1) à l’Université de Bretagne Occidentale. Lorsqu’elle diminue, ce gaz est relargué dans la circulation sanguine pour être éliminé par les poumons. » C’est le même phénomène qui fait buller le soda quand on ouvre la bouteille. « Si le plongeur remonte trop vite, les poumons ne parviennent plus à éliminer les bulles de gaz qui se forment. Les conséquences peuvent aller de simples démangeaisons à une paralysie, voire le décès. »
Avec ses collègues et des partenaires européens, le physiologiste s’est penché sur les mécanismes de ces accidents de décompression, dans le cadre d’un projet baptisé Phypode, qui s’est terminé fin décembre dernier. Au laboratoire, les Brestois ont fait plonger artificiellement des rats, au sec ! « Nous les avons soumis à une augmentation de pression puis une décompression, dans un caisson hyperbare. Nos résultats ont permis d’éliminer l’influence de l’endothélium artériel, la couche interne des vaisseaux sanguins, qui tient un rôle central dans la santé cardiovasculaire.» Finalement, c’est un système hormonal lié à la régulation du débit sanguin et de la pression artérielle, le système rénine-angiotensine, qui pourrait être impliqué. Ce résultat est d’ailleurs en cours de publication.
« De la même façon nous avons fait “plonger” des cellules en culture. Nos observations montrent que le séjour en pression est important. » Les conditions d’un accident pourraient se jouer, en partie, pendant le séjour au fond. De façon générale, ces recherches, les premières à mobiliser autant de personnes sur le sujet, montrent que la décompression est un phénomène très variable.
« Nous avons remarqué des différences entre les femmes et les hommes, poursuit François Guerrero, ou l’influence des activités avant et après la plongée. » L’idéal serait donc de personnaliser l’algorithme embarqué dans les ordinateurs de plongée, basé aujourd’hui sur un modèle unique. L’un des partenaires du projet s’est d’ailleurs engagé dans cette voie. Pour pouvoir décompresser en toute sérénité.
1) Optimisation des régulations physiologiques, EA4324.
François Guerrero
Tél. 02 98 01 80 50µ
francois.guerrero [at] univ-brest.fr (francois[dot]guerrero[at]univ-brest[dot]fr)
TOUTES LES ACTUALITÉS
du magazine Sciences Ouest