Dix ans qu’il sillonne l’océan

N° 322 - Publié le 11 juillet 2014
© F. Latreille - Tara Expéditions
La goëlette Tara est repartie en avril, pour une nouvelle mission en Méditerranée.

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Depuis 2004 le voilier Tara part en mission dans le monde entier, Pour la science et la préservation des océans.

Sa silhouette est familière à Lorient. Le Tara, voilier gris métal de 36 m de long, qui arbore son nom en orange sur sa proue, a choisi la ville pour port d’attache. Depuis dix ans qu’il navigue dans tous les océans du monde, il revient régulièrement, entre deux missions, dans la ville morbihannaise. Construit en 1989 pour l’explorateur Jean-Louis Étienne, le bateau est acquis en 2003 par Agnès Troublé, fondatrice du groupe agnès b., et son fils Étienne Bourgois. Dès le départ, l’objectif est d’agir pour l’environnement, à travers une meilleure connaissance des océans. Depuis, le navire a rempli neuf missions.

Taillé pour la glace
La première, partie en juin 2004, a permis d’explorer les écosystèmes arctiques terrestres et marins, au nord-est du Groenland. Grâce au voilier, conçu pour se déplacer dans les glaces, les chercheurs embarqués récoltent des données jusqu’alors inaccessibles. La vocation du Tara est affirmée. La mission la plus emblématique, Tara Oceans, s’est étalée de septembre 2009 à mars 2012(1). Deux ans et demi pendant lesquels cent vingt-six scientifiques de différentes disciplines et de trente-cinq nationalités se sont relayés à bord ou à terre, au cours de cinquante escales, dans trente-deux pays. Des Bretons sont du voyage(2). Comme un clin d’œil au cours de son périple, le Tara a suivi une partie de la route empruntée par le Beagle, le navire à bord duquel avait embarqué Darwin entre 1831 et 1836. Dans tous les océans du monde, les chercheurs ont effectué des prélèvements pour recenser les populations de plancton et comprendre les effets du changement climatique. À bord, deux laboratoires permettent aux chercheurs de travailler dans des conditions optimales.

En 2013, Tara est reparti sept mois autour de l’océan Arctique effectuer les derniers prélèvements. Outre le plancton, les scientifiques s’intéressaient également aux traces de polluants et aux particules de plastiques diluées dans l’eau. En tout, Tara Oceans et Tara Oceans Polar Circle ont ramené des dizaines de milliers d’échantillons et de mesures biologiques. Ils alimentent le projet de recherche français Oceanomics(3), coordonné par la Station biologique de Roscoff, qui a démarré en mars 2013 et qui doit se prolonger sept ans. Les premières données ont déjà été mises à la disposition de la communauté scientifique « un peu comme une bibliothèque, affirmait au retour à Lorient en novembre dernier Éric Karsenti, chercheur du CNRS et directeur scientifique de la

mission Tara Oceans, les chercheurs du monde entier pourront travailler sur les échantillons, sans que nul ne sache ce qu’il en sortira. »

Un nouveau pied-à-terre
Depuis le 24 juin, Tara dispose d’une base arrière à Paris, près de la Bastille. Un lieu pour accueillir des scolaires, des réunions avec d’autres ONG, des conférences, des expositions. Une installation emblématique, pour renforcer la deuxième mission du Tara après la recherche : la sensibilisation. Une inauguration qui s’est déroulée alors que le bateau avait déjà quitté le port de Lorient le 19 avril dernier pour une nouvelle mission, en Méditerranée cette fois. La silhouette du Tara devrait arpenter les mers des dizaines d’années encore.

Céline Duguey

(1)Le CNRS y a fortement contribué.

(2)Lire Sciences Ouest n° 298 - mai 2012.

(3)Projet financé dans le cadre des Investissements d’avenir.

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