Le système nerveux dans la peau
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À Brest, un tout jeune laboratoire pratique la coculture de cellules épidermiques et nerveuses et met en évidence leurs interactions.
Entre eux des liens se tissent spontanément. Et la relation est réciproque. Les neurones agissent sur les cellules de la peau et inversement. Ces observations ont été réalisées par des spécialistes de la coculture. Une expérimentation peu commune puisque seules deux équipes la pratiquent : une au Québec et l’autre à Brest, dans le Laboratoire des neurosciences.
Un contact vite établi Première constatation des chercheurs : les cellules nerveuses émettent spontanément des ramifications (neurites) vers les cellules de la peau. « En vingt jours, la peau retrouve une innervation normale », précise Laurent Misery, directeur du laboratoire. La connexion ainsi établie, des interactions peuvent se mettre en place.
Les cellules nerveuses jouent un rôle important dans la préservation et la restauration de l’intégrité de la peau. Lorsque les cellules de l’épiderme ne sont pas innervées, leur viabilité s’avère réduite et leurs propriétés sont altérées. « Nous en déduisons que les cellules nerveuses doivent produire des facteurs trophiques, c’est-à-dire qui stimulent l’activité des cellules de la peau, commente Laurent Misery. Mais nous ne savons pas encore lesquels. » Cette piste de recherche est intéressante du point de vue des neuropathies et du vieillissement cellulaire au cours desquels la peau, moins innervée, perd sa sensibilité.
Quand ça démange...
Réciproquement, les cellules de la peau guident et régulent la croissance neuronale. « Nous avons mis le phénomène en évidence et travaillons maintenant à identifier les facteurs impliqués et le mécanisme d’action, poursuit le chercheur brestois. Nous savons déjà que des protéines présentes à la surface des cellules de la peau (sémaphorines) peuvent bloquer la croissance des neurones, qui peut être excessive dans certaines maladies telles que la dermatite atopique ou le psoriasis, où le prurit (la démangeaison) est important. » Ces protéines étaient déjà connues, mais pas leur propriété d’inhibition du développement neuronal. « D’ailleurs, à peu près au même moment que nous, des scientifiques japonais sont arrivés à la même découverte, mais par une méthode différente, sans recourir à la coculture. » Ces conclusions donnent des pistes pour lutter contre certaines maladies de peau, psoriasis, eczéma atopique..., qui toucheraient 20 % des nourrissons.
Elles donnent aussi lieu à publication : trois articles devraient paraître d’ici au début de l’année 2013 dans des revues scientifiques, dont Experimental dermatology. Pour l’équipe de Laurent Misery, l’étape suivante consiste à cultiver des cellules nerveuses avec des cellules de peau malades, pour explorer des pistes de traitement.
Un laboratoire tout neuf
Créé en janvier 2012, le Laboratoire des neurosciences de Brest vient juste de rentrer dans ses murs : des locaux de la faculté de médecine. Les cartons arrivent du Centre hospitalier universitaire, de l’Université de Bretagne Occidentale et de l’Inserm, car les membres du laboratoire proviennent d’horizons variés. Ils sont dermatologues - comme Laurent Misery, le directeur, qui est aussi responsable du service de dermatologie de l’Hôpital Morvan -, mais également biologistes, neurobiologistes, neurologues, neurochirurgiens, psychologues, médecins ORL, pédiatres et dentistes. Et se penchent aussi bien sur les douleurs buccales, que sur les troubles de l’audition, ou les perceptions (visuelles, auditives, cutanées) anormales d’enfants autistes.
Laurent Misery Tél. 02 98 01 81 21
laurent.misery [at] chu-brest.fr (laurent[dot]misery[at]chu-brest[dot]fr)
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