Un nouveau ptérosaure découvert !

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N° 301 - Publié le 12 septembre 2012

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<p>En Espagne, un paléontologue rennais a mis au jour un reptile volant inédit avec une équipe internationale.</p>

Après avoir passé plusieurs années dans un tiroir, un crâne morcelé a permis de révéler, dans une étude parue le 3 juillet(1) dernier, l’existence d’une nouvelle espèce de ptérosaure, un reptile volant qui vivait au temps des dinosaures ! Découvert dans le gisement exceptionnel de Las Hoyas, en Espagne, qui a déjà livré plus de 30000 fossiles, il n’avait pas encore pu être étudié. Ce n’est qu’en 2008, lors d’une révision des collections pour les vingt-cinq ans du site, que Romain Vullo, paléontologue à l’Université de Rennes 1(2) alors en postdoctorat à l’université autonome de Madrid, repère sur ce fossile puzzle des caractéristiques peu communes. « Un museau court et pointu, décrit-il, une absence de dents et surtout, une crête au niveau de la mâchoire inférieure, perpendiculaire au crâne. Or c’est une particularité que l’on connaissait chez les tapéjaridés, un étrange groupe de ptérosaures dont de rares spécimens avaient été retrouvés au Brésil et en Chine. » Le nouveau venu est baptisé Europejara olcadesorum. À lui seul, il prouve la présence de cette famille sur le continent européen au crétacé inférieur, il y a environ 125 millions d’années.

« Il s’agit du plus ancien ptérosaure édenté jamais identifié, ajoute le chercheur, cela nous permet de supposer que les tapéjaridés ont bien une origine eurasienne, et qu’ils auraient rejoint l’actuel Brésil plus tard. » L’absence de dents laisse également penser que l’animal, qui pouvait sans doute atteindre deux à

trois mètres d’envergure, se nourrissait essentiellement de fruits. « Le museau court rappelle le bec des oiseaux frugivores. Et on a également trouvé beaucoup de pollens et de feuilles de plantes à fleurs dans le gisement. L’environnement devait donc être propice à ce type de régime alimentaire. » Pour en avoir la preuve formelle, il faudrait retrouver un squelette complet, avec des traces de graines dans le contenu stomacal. « Mais c’est très rare, car ce sont des os légers, très fragiles. Il faut des gisements particuliers, où les sédiments se sont déposés calmement. Celui de Las Hoyas, composé de calcaire et formé dans une zone marécageuse, répond à ce critère, d’où sa richesse. » Quelques dents appartenant à d’autres familles de ptérosaures avaient déjà été mises au jour quelques mois plus tôt.

Et en 2010, Concavenator, un dinosaure carnivore de cinq à six mètres de long, pourvu d’une bosse dorsale, avait été sorti de terre.

« La découverte de ces gros animaux s’ajoute à la connaissance de la flore et de la petite faune du site, précise Romain Vullo. Cela nous permet d’avoir une bonne image de l’écosystème de l’époque. » Un bon dépaysement !

Romain Vullo
romain.vullo [at] gmail.com (romain[dot]vullo[at]gmail[dot]com)

(1)Vullo R, Marugán-Lobón J, Kellner AWA, Buscalioni AD, Gomez B, et al. (2012) A New Crested Pterosaur from the Early Cretaceous of Spain: The First European Tapejarid (Pterodactyloidea: Azhdarchoidea). PLoS ONE 7(7): e38900. doi:10.1371/journal.pone.0038900.

(2)Laboratoire Géosciences Rennes, CNRS UMR 6118.

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