Des fraises blanches du Chili à Plougastel

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N° 297 - Publié le 6 avril 2012
© Esha Chiocchio

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Des producteurs de Plougastel expérimentent depuis cet hiver une nouvelle variété de fraises blanches.

«Si le paysan plougastel vit dans une relative aisance, il la doit en grande partie à la culture des fraisiers », relate, au début du 20e siècle, Raoul Van der Kemp, fin observateur de la vie rurale à Plougastel-Daoulas, auteur d’une thèse agricole soutenue en 1928. « La commune, poursuit-il, est dans une situation exceptionnelle pour en favoriser, à la fois, la production et la vente. » Le petit fruit rouge savoureux est associé depuis cette époque florissante au nom de la presqu’île. Issu d’une vieille famille de producteurs de fraises, Louis Rolland a connu les soubresauts de cette culture. Autant le déclin dans les années soixante-dix, que la relance à la fin des années quatre-vingt-dix. Grâce aux nouvelles techniques initiées en Hollande et en Belgique, les fameux jardins suspendus, la production remonte, de jeunes maraîchers s’installent, la fraise de Plougastel orne à nouveau, dès le printemps, les étals des marchés.

Néanmoins, « parce qu’il faut toujours avoir un coup d’avance », en 2011, Louis Rolland et son fils Frédéric, conseillés par les agronomes de la coopérative Savéol, expérimentent une nouvelle variété de fraisiers. « Il s’agit d’une fraise blanche cultivée en Europe par des pépiniéristes, elle se nomme Anablanca. » L’idée de diversification n’est pas nouvelle. La tomate ronde classique est rejointe, depuis une dizaine d’années, par les variétés anciennes, les tomates cerises, les tomates grappe. « Nous ne sommes pas les seuls à courir après la fraise blanche. Il y a un frémissement depuis deux, trois ans. » En Hollande, au Japon, aux États-Unis... Chacun cherche à se distinguer, chacun cherche son graal. Cet hiver, les deux fraisiculteurs expérimentateurs ont recueilli les cultivars conservés au Ciref (Création variétale fraises fruits rouges). Ces derniers sont originaires du Chili, terre native de la fraise blanche originelle à gros fruits, Fragaria chiloensis. Plusieurs défis se présentent. « La couleur blanche étant un caractère récessif, l’hybridation de la fraise blanche avec une fraise rouge donnera une fraise... rouge. Et puis nous ne nous faisons pas d’illusions sur la productivité, il faudra améliorer le potentiel de ces variétés traditionnelles. » Peu de chance, donc, de goûter ce printemps-ci à cette fraise blanche très douce au palais et très sucrée. Il est encore trop tôt. La recherche est en cours. Si marché il y a, c’est un marché de niche. « On sait que les fruits plaisent, le seul souci, c’est de rendre cette culture, dans le bon sens du terme, rentable. »

Louis Rolland Tél. 06 15 91 51 65
louisrolland1 [at] orange.fr (louisrolland1[at]orange[dot]fr)

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