« Le métier de chercheur permet de se prêter quotidiennement à un jeu intellectuel, avec beaucoup de liberté. »

Portrait

N° 294 - Publié le 5 janvier 2012
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L'épreuve par 7
Michel Renard

Spécialiste de l’amélioration génétique des plantes

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Exploitant agricole. Jeune parisien de formation agronome, j’avais l’idée de reprendre une exploitation de production animale laitière. C’est finalement un stage à l’Inra de Versailles en physiologie végétale qui m’a fait découvrir ce que je pense être le plus beau métier du monde : celui de chercheur. Il permet de se prêter quotidiennement et intensément à un jeu intellectuel, avec beaucoup de liberté.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Cela ne date pas vraiment d’aujourd’hui, mais avec mon équipe, nous sommes à l’origine d’une des “success story” de l’Inra : nous avons mis au point un système d’hybridation du colza - pour augmenter sa rusticité et sa productivité - lequel a été breveté et est commercialisé dans le monde entier. Il représente actuellement 75% des revenus de licence de l’Inra.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui. C’est tout à fait par hasard que je suis arrivé en 1974 dans une équipe de recherche sur le colza, laquelle a migré de Versailles à Rennes.

Qu’avez-vous perdu ?

Dans mon domaine : la génétique végétale, j’ai perdu l’image positive que mes collègues et moi avions à travailler sur l’amélioration génétique des plantes. Avec les organismes génétiquement modifiés (OGM) et en particulier depuis 1997, cela s’est complètement inversé. L’Inra a finalement décidé de stopper toute création de variétés de colza génétiquement modifié.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Il aurait mieux valu que je ne travaille pas sur les colzas génétiquement modifiés, car tout ce que nous avons fait, tout le temps passé, tout cela a été globalement perdu.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Arriver à créer des variétés de colza qui soient résistantes aux insectes ! Car le colza est une plante très sensible à leurs attaques et la réglementation va imposer, à juste titre, la réduction de l’utilisation des insecticides.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Dans le domaine de la recherche, douter de la rationalité, ce n’est pas facile. On s’y raccroche toujours. Même s’il faut laisser la place au hasard, même si les hypothèses de départ peuvent comporter un côté non rationnel qui permet d’ouvrir de nouvelles voies, la rationalité doit être présente dans l’analyse et la formulation des nouvelles hypothèses. Pour avancer.

Interviewé par téléphone par Nathalie Blanc, depuis son laboratoire de la station Inra du Rheu.

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