Des avenirs encore stéréotypés

N° 291 - Publié le 13 octobre 2011
© Philippe Desmazes - Afp
Asseoir un garçon à côté d'une fille pour le calmer contribue à reproduire certains stéréotypes. "Notre mission est de promouvoir l'égalité entre garçons et filles en tant que citoyens : qu'ils puissent envisager le même éventail de possibles".

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Plombière ou sage-homme... Aujourd’hui encore, être fille ou garçon influence le parcours scolaire et professionnel.

Il reste beaucoup d’efforts à faire ! En France, on ne trouve encore que 25% de femmes dans la recherche mathématique. « Depuis 25 ans, date de création de l’association femmes et mathématiques, cette proportion n’a pas bougé, indique Marie-Françoise Roy, mathématicienne, de retour du congrès bisannuel de l’association European Women in Mathematics. Dans les années 80, ce taux nous plaçait en tête des pays européens, mais eux ont continué d’évoluer, tandis que nous stagnons. » Dans les pays sud européens, l’Espagne ou l’Italie, la parité est presque atteinte. « Là-bas, les mathématiques sont considérées comme une part de la culture générale, au même titre que la philosophie. » Ce qui étonne au contraire, c’est le retard des pays nordiques, réputés en avance sur les questions d’égalité homme-femme. « Là-bas, les femmes ne représentent que 3% des mathématiciens. Les mathématiques y sont très liées à l’ingénierie, domaine qui attire plus de garçons. Mais ces différences entre pays européens, de mêmes niveaux de développement, montrent au moins une chose : la biologie n’y est pour rien dans la sous-représentation des femmes en sciences ! »

L’égalité n’est pas la parité

Au rectorat de Rennes, Nicole Guenneuguès, chargée de mission égalité des chances, oeuvre pour que l’ingénierie attire plus de filles justement. Comme la plomberie, la recherche en sciences et d’autres formations où les filles sont encore minoritaires. « Notre mission est de promouvoir l’égalité entre garçons et filles en tant que citoyens : qu’ils puissent envisager le même éventail de possibles, indépendamment de leur sexe. L’objectif n’est pas d’atteindre la parité, mais que tous soient égaux dans le choix de leur avenir. » Aujourd’hui encore, être fille ou garçon se révèle déterminant dans le parcours des étudiants. Les filles sont en moyenne plus diplômées, mais pas dans les formations les plus prestigieuses. Ces inégalités se retrouvent de façon criante au niveau professionnel. « À l’inverse, on retrouve peu de garçons dans les filières littéraires ou paramédicales. L’accent est mis sur les filles car la situation professionnelle des femmes est globalement moins bonne que celle des hommes ! Mais pour produire du changement, il faut s’intéresser autant aux garçons qu’aux filles. »

Valoriser l’apport des femmes

Au-delà de l’orientation, c’est une éducation à l’égalité qui doit s’introduire, petit à petit, dans les écoles. « Par exemple, il est important de valoriser l’apport des femmes à l’ensemble du savoir dans les manuels scolaires. Si les livres donnent l’impression que les femmes n’ont rien fait de grand, cela conforte les garçons dans l’idée de leur supériorité. » La gestion de la mixité dans la classe est aussi à interroger. « Mettre systématiquement une fille à côté d’un garçon avec l’objectif de le calmer contribue à reproduire les stéréotypes. » Le vocabulaire employé, ou la façon d’aborder des activités réputées “plus difficiles pour les filles ou les garçons” peuvent renforcer les préjugés sur les capacités des uns ou des autres et nuire à leurs performances. Encore des efforts à faire, donc.

Vidéos

L'égalité fille-garçon
Comment naissent les inégalités entre filles et garçons, à l'école ? Que peut faire l'enseignant ? Les explications de Nicole Guenneuguès, chargée de mission pour l'égalité filles-garçons, à l'académie de Rennes.

Championnes en maths
En France, un mathématicien sur quatre est une femme. L'égalité homme-femme existe-t-elle dans la recherche mathématique en Europe ? Les explications de Marie-Françoise Roy, Institut de recherche mathématique de Rennes (Irmar), Université de Rennes 1.

Céline Duguey

Marie-Françoise Roy  Tél. 02 23 23 60 20
marie-francoise.roy [at] univ-rennes1.fr (marie-francoise[dot]roy[at]univ-rennes1[dot]fr)

Nicole Guenneuguès  Tél. 02 99 25 11 38
38egalite.chances [at] ac-rennes.fr (egalite[dot]chances[at]ac-rennes[dot]fr)

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