L’hydrogène est dans le vent

N° 288 - Publié le 15 juillet 2011
NINA LARSON - AFP
L'île norvégienne d'Utsira (235 habitants, 7,2 km2) est autonome en énergie depuis six ans. Sa centrale fabrique de l'électricité à partir d'hydrogène, stockable, lui-même produit grâce à deux éoliennes.

Quand l’électricité éolienne sera stockée, grâce à l’hydrogène, cela changera notre vie... et l’énergie de la Bretagne.

«Il y a des problèmes pour stocker l’énergie, c’est vrai. Mais dire que c’est ingérable, c’est faux ! » Spécialiste de ces questions, et consultant pour de grands groupes sur les énergies du futur, Jacques Saint-Just participe avec l’Irma aux réflexions menées en Bretagne.

L’ingénieur chimiste estime réaliste l’hypothèse de champs d’une centaine d’éoliennes offshore, produisant chacune 7 mégawatts (MW) à pleine puissance. « Mais par intermittence ! Selon le vent, une éolienne peut ne rien produire, ou fournir de l’électricité quand le réseau n’en a pas besoin. Soit en moyenne 3MW utiles. » Parmi d’autres solutions, l’hydrogène est intéressant pour stocker cette énergie irrégulière. Comment ? Grâce à un câble qui relie chaque éolienne offshore au rivage. L’électricité produite sert à électrolyser de l’eau douce (H20), pour la transformer en hydrogène (H2), qui peut ensuite être stocké de différentes manières. Ce scénario n’est pas fictionnel : une centrale électrique, qui couple l’éolien et l’hydrogène, existe depuis 2009 au nord de l’Allemagne, à Prenzlau.

Une île qui produit son énergie

Sur l’île norvégienne d’Utsira (photo ci-dessus), une centrale d’un nouveau type a résolu ce problème du stockage de l’énergie - et l’île est autonome en énergie. À côté de l’éolienne, un électrolyseur transforme l’eau de mer, dessalée, en hydrogène. Cet hydrogène est stocké dans une cuve. Comment est-il ensuite transformé en courant électrique, selon les besoins ? Avec une pile à combustible, qui fait l’inverse de l’électrolyse : à partir de l’hydrogène et de l’oxygène de l’air (O2), elle produit de l’électricité. Un moteur à hydrogène est aussi utilisé.

Une quinzaine de projets dans le monde

Il existe une quinzaine de projets de ce type dans le monde, visant l’autonomie énergétique des îles, avec des sources d’énergie propres et durables. En Bretagne, cette association éolien-hydrogène pourrait améliorer la situation énergétique. Mais une dizaine de champs d’éoliennes, composé chacun de 100 éoliennes, est-ce vraiment réaliste ? « C’est vrai, il y a un problème de rentabilité à court terme, sur 10 ans, reconnaît Jacques Saint-Just. Mais il faut évaluer le coût réel de toutes les solutions énergétiques, notamment les coûts cachés ! Au Japon, si l’on inclut le coût externe de la catastrophe de Fukushima, cela change la donne. Et en France, le coût réel de l’électricité, incluant celui du démantèlement des centrales nucléaires, est deux à trois fois le coût facturé. »

Mais avant que l’association éolien-hydrogène ne se concrétise, l’hydrogène peut déjà être extrait du gaz naturel, ou gaz de ville (CH4), et alimenter des piles à combustible.

Nicolas Guillas

Jacques Saint-Just
jacques.saint-just [at] h2plus.net (jacques[dot]saint-just[at]h2plus[dot]net)

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