La nutrition étiquetée
(2) Le tableau nutritionnel mentionne les nutriments ainsi que les vitamines et les minéraux, si leur taux dépasse 15% des apports journaliers recommandés, déterminés au niveau européen.
(3) Aujourd’hui, les allégations nutritionnelles sont déjà regroupées dans un registre communautaire et attribuées sous conditions.
(4) Avec la prochaine réglementation européenne, certaines allégations de santé comme celles-ci resteront délivrées au cas par cas, d’autres seront regroupées dans un second registre à venir.
L’étiquetage nutritionnel va devenir obligatoire. Une association bretonne aide les industriels à se préparer.
Le nez dans le bol de café, le regard encore embrumé... C’est bien au petit déjeuner que nous passons le plus de temps à lire les étiquettes des produits alimentaires. La bouteille de jus d’orange, le paquet de biscottes, la brique de lait... Tout y passe. Et malgré ce rituel quotidien, rares sont les experts en nutrition. Pourtant, une fois passé le nom du produit, la marque et les jolies photos qui donnent envie, l’étiquette révèle des informations intéressantes pour nous, consommateurs. Notamment des informations nutritionnelles, présentées sous forme d’un petit tableau, avec l’apport énergétique (en kilocalories ou kilojoules), la quantité des différents nutriments : glucides, lipides, protides, éventuellement les sucres, les acides gras saturés, les fibres alimentaires et le sodium ou d’autres vitamines et sels minéraux.
En 2012, l’obligation
« Ces informations sont encore facultatives, indique Christine Geoffroy, responsable réglementation à l’institut technique Adria Développement, à Quimper, elles ne sont obligatoires que dans des cas bien spécifiques : pour les produits “diététiques” ou “de régime”, si l’on ajoute des vitamines, ou des sels minéraux, et si le produit annonce un effet nutritionnel ou sur la santé. » Mais cette obligation devrait s’étendre, d’ici 2012, à tous les produits alimentaires, suite à une révision, en cours, de la réglementation européenne. Pour préparer les industriels bretons à ce changement, l’association Abea(1) a développé un vaste programme d’accompagnement. « Une étude statistique menée en 2008, nous a fait réaliser que les professionnels étaient très peu au courant de ces changements à venir, détaille Marine Loisel, chargée de mission dans l’association, nous avons mis en place des ateliers de formations sur trois thématiques : la réglementation en elle-même, la mise en œuvre de l’étiquetage, et l’aspect marketing, pour savoir comment valoriser ces informations. »
La valeur d’une pizza
En parallèle, l’association vient de sortir un guide pratique, inédit et déjà applaudi sur le plan national. Car, même s’il est encore facultatif, le tableau nutritionnel a un contenu bien défini. « Les industriels peuvent utiliser des tables, qui associent à chaque ingrédient, ou à chaque type d’aliment (soupe, pizza...) des valeurs. Mais ces dernières manquent de précisions. Car les tables sont nationales, or une pizza française n’a pas la même composition qu’une pizza importée d’Espagne ! » En complément, ils peuvent utiliser les valeurs données par leurs fournisseurs ou réaliser des analyses. « Cette dernière solution est coûteuse, et difficile à mettre en place pour les petites entreprises, il faut un processus d’échantillonnage, pour choisir à chaque fois un produit représentatif. » Pour des carottes râpées, le résultat pourra changer d’un jour à l’autre, en fonction de la variété des carottes ! L’étape suivante serait une meilleure éducation des consommateurs, afin qu’ils comprennent ce qu’ils lisent tous les matins et ce qu’ils mangent tous les jours.
Des conseils avisés
Manger 5 fruits et légumes par jour, ne pas manger trop salé, ou sucré...
Ces “consignes” alimentaires prennent leur source, pour partie, dans les apports nutritionnels conseillés (ANC). « Ils sont le fruit de l’expertise collective, explique Philippe Legrand, directeur du laboratoire de nutrition humaine d’Agrocampus-Inra de Rennes et président de la commission qui vient de réviser ceux concernant les lipides. Les ANC font état des connaissances scientifiques à un instant donné et constituent une recommandation pour les consommateurs en bonne santé. » Créés en 1992, et revus tous les 10 ans, les ANC n’ont pas de valeur légale. Mais sont une référence reconnue et prise en compte par les industriels, les médecins, les institutions. Pour les réviser, l’Anses(2) crée un groupe de travail en désignant des experts, mélangeant professeurs de médecine, universitaires spécialistes des nutriments concernés, et épidémiologistes.
« Pendant quatre ans, nous nous sommes réunis une fois par mois, détaille Philippe Legrand. Nous avons fait le tour des études disponibles, sur l’homme comme sur l’animal. Ainsi nous avons pu montrer qu’il n’est pas bon de diminuer la proportion de lipides dans notre régime alimentaire. Le facteur de risque, c’est que notre alimentation générale est trop riche ! »
Cela se sentira dans notre assiette... dans dix ans ! Car la traduction des ANC en termes d’aliments, de conseils pratiques pour les industriels et les spécialistes prend beaucoup de temps.
02 23 48 55 47
philippe.legrand@agrocampus-ouest.fr
(1)Abea : Association bretonne des entreprises agroalimentaires.
(2)Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ex-Afssa.
Christine Geoffroy
02 98 10 18 32
christine.geoffroy [at] adria.tm.fr (christine[dot]geoffroy[at]adria[dot]tm[dot]fr)
Marine Loisel
02 23 48 25 93
marine.loisel [at] abea.fr (marine[dot]loisel[at]abea[dot]fr)
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