Des liaisons prometteuses

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N° 287 - Publié le 22 mai 2014
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Inciter recherche et industrie à collaborer, c’est ce que prône le pôle de compétitivité agroalimentaire breton Valorial.

Pour faire du pain, il faut : de la farine, du sel (lire p.16), de l’eau, de la levure et de l’énergie ! Dont seulement 25% seraient réellement utilisés pour la cuisson, les 75% restants partant... en fumée. La résolution de ce problème très pragmatique, qui concerne près de 30000 artisans boulangers en France et tous les amateurs de pain, se trouve peut-être du côté de la recherche, dans les laboratoires de physique... C’est le contexte du projet “Braise” labellisé par le pôle de compétitivité Valorial, dans lequel les chercheurs sont allés chercher les industriels.

Un industriel motivé

« Dans notre laboratoire de génie des procédés, nous allons travailler sur les échanges d’énergie entre le pain et le four et sur l’inertie de préchauffage de l’appareil, explique Lionel Boillereaux, coordonnateur du projet. Et si au début, nous avons eu du mal à le convaincre, Bongard, l’industriel qui conçoit les fours, est aujourd’hui très motivé : il veut être le premier à créer le four innovant qui permettra de réduire la consommation d’énergie ! »

Cet exemple de collaboration entre recherche et industrie a été présenté le 7 avril dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de Valorial. « Le monde de la recherche et celui de l’entreprise ne vivent pas au même rythme et n’ont pas les mêmes impératifs. C’est pourtant de leur rencontre que peut naître l’innovation », a encouragé Michel Houdebine, président de Valorial. Car si la R&D est souvent un service à part entière et une démarche naturelle dans les grands groupes, il n’en va pas de même dans les PME.

C’est, par exemple, le cas des membres de l’interprofession porcine, qui étaient plutôt frileux à l’idée de contacter des chercheurs pour résoudre leur problème : la détection d’hormones odorantes présentes dans certaines carcasses de porcs non castrés. Le pôle de compétitivité Valorial les a aidés à identifier les bons acteurs. Ils sont aujourd’hui en contact avec des chercheurs de l’Inra et de l’Oniris(1) qui essaient d’adapter au monde de l’industrie trois technologies utilisées couramment en laboratoires(2).

Problèmes de société

Pour Philippe Potin, travailler avec des entreprises va de soi. Ce chercheur de la Station biologique de Roscoff, qui a réalisé sa thèse chez Goëmar – la société malouine qui a inventé un vaccin à base d’algues destiné aux plantes –, garde en tête l’intérêt de la valorisation des connaissances sur les algues, même si cela peut prendre 10 ans(3). « La recherche peut aider à résoudre des problèmes de société, explique-t-il. Je pense notamment à la culture des algues qui pourrait être une alternative de production pour les ostréiculteurs. » La lutte contre la dénutrition des personnes âgées, présentée par Hélène le Pocher du Critt Santé Bretagne, est un autre exemple de sujet d’actualité pour lequel chercheurs et industriels travaillent de concert. L’intérêt de ces collaborations n’est plus à démontrer.

Nathalie Blanc

(1)Oniris : École nationale vétérinaire agroalimentaire et de l’alimentation - Nantes Atlantique.
(2)Projet Drosme labellisé par Valorial.
(3)Philippe Potin coordonne le projet Idealg, soutenu par Valorial et retenu dans le cadre des investissements d’avenir dans l’appel d’offres Biotechnologies-Bioressources.

Lionel Boillereaux 
lionel.boillereaux [at] oniris-nantes.fr (lionel[dot]boillereaux[at]oniris-nantes[dot]fr)
Gilles Nassy
gilles.nassy [at] ifip.asso.fr (gilles[dot]nassy[at]ifip[dot]asso[dot]fr)
Philippe Potin
potin [at] sb-roscoff.fr (potin[at]sb-roscoff[dot]fr)
Hélène Le Pocher
helene.le-pocher [at] univ-rennes1.fr (helene[dot]le-pocher[at]univ-rennes1[dot]fr)

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