Le gros cerveau de Cro-Magnon

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N° 285 - Publié le 10 juin 2014

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Une équipe pluridisciplinaire vient de montrer que le cerveau de l’Homme de Cro-Magnon était plus volumineux que le nôtre.

Si l’Homo sapiens voulait se targuer du plus gros cerveau de la lignée des grands singes, il peut aller se rhabiller avec la peau de bête de ses ancêtres. Des recherches présentées le 27 janvier au Muséum national d’histoire naturelle viennent de montrer que celui de l’Homme de Cro-Magnon, qui gambadait sur Terre il y a 30000 ans, le surpassait en volume. Pour autant, il ne faut pas croire que notre lointain parent avait le QI d’Einstein, car si elle a diminué de volume, notre matière grise s’est également réorganisée au cours de ces derniers milliers d’années, certaines parties comme le cervelet prenant plus de place aux dépens d’autres, les lobes occipitaux, sièges de la vision, par exemple.

Pour montrer ces différences de volume, les chercheurs ont basé leurs observations sur des endocrânes. « C’est la face interne du crâne, explique Sylvain Prima, informaticien dans l’équipe rennaise Visages de L’Inria(1), un moule du cerveau en quelque sorte. On y retrouve, entre autres, des traces des circonvolutions cérébrales. » Pratique, car le cerveau lui-même ne fossilise pas. Les techniques d’imagerie ont ainsi permis à Antoine Balzeau, du Muséum national d’histoire naturelle, de reconstituer l’endocrâne en 3D, à partir du crâne du “vieillard” de Cro-Magnon (1re photo), specimen particulièrement bien conservé.

Il l’a alors comparé avec d’autres endocrânes fossiles ou artificiels, datant de différentes époques, jusqu’à l’Homme contemporain. « En parallèle, reprend Sylvain Prima, nous avons mis au point, dans le cadre du projet 3D morphine, des méthodes pour analyser automatiquement ces données. Pour reconstituer un endocrâne à partir de morceaux de crâne, par exemple. Ou pour en mesurer les asymétries. » Notre cerveau d’Homo sapiens présente en effet une légère distorsion entre les côtés gauche et droit.

« Nous voulions savoir si ces différences se retrouvaient chez nos ancêtres. » Benoît Combès, alors étudiant en thèse dans l’équipe Visages, a redoublé d’ingéniosité mathématique pour définir un plan de séparation fiable entre la gauche et la droite de notre cerveau, et quantifier les différences de volume entre ces deux parties. « Cro-Magnon présente bien des asymétries. Maintenant, il faut les analyser. » D’autres études comparatives se poursuivent au sein du laboratoire, entre gauchers et droitiers notamment, ou entre hommes et femmes, pour comprendre l’incidence de ces asymétries, supposées détenir le secret de nos facultés cognitives, comme le langage. 

Sylvain Prima
Tél. 02 99 84 73 59
sylvain.prima [at] inria.fr (sylvain[dot]prima[at]inria[dot]fr)
3dmorphine.inria.fr

Légende photos :
crâne : © Daniel Ponsard (MNHN-Musée de l’Homme)
3D : © A. Balzeau et B. Combès (CNRS-MNHN-INRIA)

 

(1) Inria : Institut national de recherche en informatique et automatique.

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