Aux Glénan, Une fleur rare et bichonnée
Le joyau des Glénan monopolise l’attention des naturalistes depuis 36 ans. Sauvé, le narcisse reste encore fragile.
Le narcisse des Glénan a bien failli disparaître. Dans les années 1970, cette fleur unique au monde a été pillée par les collectionneurs, les bulbiculteurs, les cueilleurs. Pour la protéger, la SEPNB (Société pour l'étude de la protection de la nature en Bretagne), l’ancêtre de l’association Bretagne Vivante, a demandé le classement de 1,5 hectare en réserve naturelle sur l’île de Saint-Nicolas dans l’archipel des Glénan, accordé en 1974.
Son origine est mystérieuse. « Nous n’avons que des hypothèses, mais il semble que cette espèce endémique soit apparue de manière spontanée, car d’autres espèces “ibéro-armoricaines” sont, comme elle, apparues dans des sites très localisés », indique Frédéric Bioret, conservateur de la réserve. La plante a été découverte par le pharmacien quimpérois Bonnemaison dès 1803. De nombreux botanistes se sont ensuite rendus sur place, intrigués par cette plante à la floraison éphémère : quelques jours fin avril, et seulement pendant trois ans. La SEPNB, désignée gestionnaire de la réserve en 1984, a essayé plusieurs méthodes pour la protéger : mise en friche de la végétation environnante, fauchage... « La meilleure technique est finalement de couper et d’extraire la matière autour du narcisse », explique Nathalie Delliou, garde de la réserve. Après avoir confié l’entretien du site à un troupeau de moutons puis à deux ânes, c’est finalement le tracteur, armé d’un girobroyeur, qui s’est imposé.
- Les narcisses ont failli disparaître dans les années 70. Aujourd’hui, ils sont protégés.
Pour arriver à ce résultat, il a fallu inventer des méthodes de sauvegarde et de gestion nouvelles originales.
© Arnaud Guérin - Lithosphère
Plus de 150000 pieds
Bretagne Vivante a réalisé cette année un comptage : la réserve compte plus de 150000 pieds. « Les narcisses sont sauvés, mais nous sommes un peu inquiets par l’érosion du milieu dunaire sur l’île de Saint-Nicolas, précise Nathalie Delliou. On constate aussi une régression importante due à la présence de goélands sur un îlot où nous n’avons retrouvé que deux pieds en 2010. En revanche, le narcisse revient sur un autre îlot déserté par les goélands : de cinq pieds en 2003, nous sommes passés à 120. » Mais une nouvelle menace pèse sur son sort : des ragondins, apparus en 2007, ont détruit 10% des pieds par leurs nombreux passages. La vie des narcisses des Glénan est décidément bien précaire.
Nathalie Delliou, Tél. 06 07 09 23 44
nathalie.delliou [at] bretagne-vivante.org (nathalie[dot]delliou[at]bretagne-vivante[dot]org)
Frédéric Bioret, Tél. 02 98 01 66 87
frederic.bioret [at] univ-brest.fr (frederic[dot]bioret[at]univ-brest[dot]fr)
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