Un robot, oui ! Mais sympathique !

N° 274 - Publié le 28 juillet 2014
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L’ours que tient Dominique Duhaut a été cousu main, car le tissu du visage doit être assez souple pour bouger la bouche et les sourcils.

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Avant de pouvoir aider les humains, les robots devront s’en faire aimer. Des chercheurs vannetais y travaillent.

«Bien sûr, qu’il y a quelque chose à faire avec les robots pour les personnes âgées ! » Dominique Duhaut y croit dur comme le fer de ses engins. « Le problème, ce n’est pas de mettre au point des robots efficaces, mais plutôt de créer des engins avec lesquels on serait prêt à cohabiter. » D’après le roboticien, l’essentiel est de pouvoir avoir de la sympathie, voire de l’empathie, pour que le contact soit vraiment efficace.

Un robot sympathique

« Avec l’hôpital Broca, à Paris, nous travaillons auprès de personnes atteintes de troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. Nous essayons d’imaginer, par exemple, un robot capable d’aider la personne à faire les exercices de mémorisation prescrits par le médecin. C’est de la stimulation cognitive. Et pour que ça marche, il faut un robot sympathique ! » Pour l’instant, les psychologues parisiens testent des robots déjà au point. Dans un mois, ils pourront dire aux techniciens « voilà ce que vous devez intégrer à votre machine pour qu’elle soit acceptable. »

Et ensuite ?

Les premières expériences ont été menées dès 2007 auprès d’enfants du centre de rééducation de Kerpape avec Paro, un robot japonais caché sous la fourrure d’un phoque en peluche. « D’emblée, un contact physique se crée avec la machine, c’est primordial ! » Mais pas suffisant. « Nous nous sommes alors lancés dans un travail sur le traitement de la langue, pour être capable de comprendre, non seulement ce que l’enfant dit mais aussi le ton qu’il emploie, pour ajouter le paramètre émotionnel. »

Six moteurs pour 200 muscles

Une fois Paro, ou tout autre robot, doté d’une capacité d’entendement, il doit ensuite pouvoir donner une réponse adaptée : baisser la tête  par compassion, changer l’attitude de  son visage : la bouche peut exprimer la joie, le froncement des sourcils est plutôt réservé aux émotions négatives. « Nous travaillons actuellement sur un prototype, annonce Dominique Du haut, un ours doté, sous son museau, de six petits moteurs qui doivent faire presque aussi bien que les 200 muscles de notre visage ! »

Le robot R2D2 ou autre chose

« Le robot R2D2 de Star Wars ou quelque chose qui nous ressemble, avec un visage en latex, les deux sont faisables, conclut Dominique Duhaut, mais tant qu’on laisse des spécialistes de la technologie répondre à des problèmes de handicap, on aura des réponses technologiques. Il faut prendre le problème de façon transversale. » Avec l’Université européenne de Bretagne, l’équipe a déposé un projet qui rassemble des sociologues spécialisés dans la construction de l’imaginaire des sociolinguistes spécialistes de la communication humaine, des éthologues pointus sur les rapports homme-animal, « pour comprendre comment les hommes et les machines peuvent interagir. » Pour repartir de la base.

Céline Duguey

Dominique Duhaut, Tél. 02 97 01 72 06
dominique.duhaut [at] univ-ubs.fr (dominique[dot]duhaut[at]univ-ubs[dot]fr)

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