Je retrouve les mêmes sensations de contact et de partage avec le public qu’au théâtre, en faisant de la vulgarisation scientifique.

Portrait

N° 270 - Publié le 9 août 2014
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L'épreuve par 7
Jozée Sarrazin

Chercheur en écologie benthique

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Du théâtre ! Mais ce n’était pas assez sérieux et je n’ai pas pu résister à la pression familiale. J’ai mis du temps à m’y mettre : je fais du théâtre amateur depuis huit ans et je retrouve ces mêmes sensations de contact et de partage avec le public en faisant de la vulgarisation scientifique. Mon domaine de recherche s’y prête bien. On travaille dans la mer, avec des sous-marins et on trouve des animaux bizarres et originaux... On a tous les ingrédients !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Des gens passionnants ! J’en rencontre régulièrement, comme la semaine dernière, à Paris, pendant le festival international du film scientifique. Je suis toujours impressionnée par les personnes passionnées par leur métier, avec des connaissances immenses... Les scientifiques d’un certain âge ont plus de recul sur les choses, ils ont une compréhension globale du monde ! Ça me bluffe !

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, tout le temps. La vie n’est faite que de ça ! Si l’on revient sur le festival du film scientifique, je me suis retrouvée dans le jury par hasard, parce que je fais pas mal de vulgarisation scientifique. C’était une belle découverte. Nous avons expertisé vingt-cinq films et il fallu en choisir cinq, dans des domaines aussi variés que l’influence de la musique sur le développement du cerveau humain, la physique quantique, les fractales...

Qu’avez-vous perdu ?

Mon pyjama ! On me l’a volé dans ma chambre d’hôtel, lors d’un workshop à Venise. J’étais très énervée...

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

La désillusion. Car on a besoin, surtout quand on fait de la science fondamentale, de croire que c’est important de savoir pour savoir. Ce n’est pas évident dans un monde où l’on doit tout justifier.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

La découverte de la vie sur Europe, le satellite de Jupiter. Cela prouverait qu’il existe de la vie ailleurs que sur Terre. Cette vie pourrait être en lien avec celle qu’on retrouve au niveau des sources hydrothermales. Ça prouverait que ce que l’on fait en écologie des grands fonds peut nous mener loin dans la connaissance.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je pense que j’en doute tous les jours. La rationalité est un concept humain et donc tout n’est pas rationnel, ni rationalisable. Même en science il y a beaucoup d’intuition.

Interviewée par téléphone par Nathalie Blanc, avant de repartir en mission dans les grands fonds en 2010 dans le golfe de Californie au large du Mexique.

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